La cour criminelle départementale (CCD) de Paris a suivi à la lettre les réquisitions du parquet, qui avait réclamé contre Jean-Christophe Quenot la peine maximum prévue par la loi. Ila également été condamné à une obligation de suivi socio-judiciaire de vingt ans à l'issue de sa peine. Il sera puni d'une peine de sept ans de prison s'il ne respecte pas cette obligation, a prévenu la cour.
"C'est une peine très sévère qui s'explique par l'extrême gravité des faits et le nombre de victimes", a indiqué à l'accusé le président de la cour, Laurent Raviot. "Le comprenez-vous ?", lui a-t-il demandé. "Oui", a répondu M. Quenot. "Pour autant, cela ne veut pas dire que les choses sont définitivement fermées pour vous", a ajouté le président, "il faut conforter le travail amorcé récemment en détention" de suivi des auteurs d'infractions à caractère sexuel.
Le condamné a dix jours pour faire appel
"Je veux exprimer mes regrets pour le mal que j'ai causé à mes victimes", avait déclaré Jean-Christophe Quenot qui fêtera ses 56 ans à la fin du mois, avant que la cour ne se retire pour délibérer. Ancien professeur de français langue étrangère à Singapour, M. Quenot est soupçonné d'avoir abusé d'au moins une cinquantaine d'enfants en Asie du Sud-Est entre le début des années 1990 et son interpellation en flagrant délit à Bangkok en février 2019.
Arrêté et placé en détention en France en mars 2019 après avoir réussi à quitter illégalement la Thaïlande, il n'était jugé à Paris que pour les faits survenus en Malaisie. Avant sa fuite vers la France, il avait pris soin de s'expédier depuis la Malaisie ses carnets et des disques durs avec des dizaines de milliers de photos et de vidéos pédopornographiques. Les enquêteurs en ont découvert 100.000 concernant ses seules "activités" pédocriminelles en Malaisie.
"Insoutenable"
Vendredi, au premier jour du procès, Véronique Béchu, cheffe du groupe chargée de la lutte contre la pédocriminalité au siège de la police judiciaire à Nanterre, avait souligné que les 5.000 heures de visionnage de ces vidéos avaient plongé les enquêteurs de son service dans l'horreur.
"On visionne des contenus pédocriminels tous les jours, mais ceux-là étaient particulièrement écoeurants", avait-elle indiqué. Jean-Christophe Quenot filmait systématiquement ses ébats et décrivait méticuleusement ses pratiques sexuelles dans des carnets "comme un archiviste", "sans aucune émotion", a relevé le président de la CCD.
Au cours de l'audience, M. Quenot a reconnu qu'il payait des enfants, en état de faiblesse et souvent drogués à la colle, pour assouvir ses fantasmes. La lecture d'extraits de ses carnets à l'audience s'est avérée "insoutenable", selon les mots du président.
Le coupable reconnaît être "totalement dans l'erreur"
Installé à Singapour puis en Malaisie, il voyageait régulièrement à la recherche d'enfants prostitués en Thaïlande, aux Philippines, en Indonésie et au Sri Lanka. Lors de son interrogatoire lundi, M. Quenot avait expliqué qu'il pensait que les jeunes garçons qu'il violentait étaient "indestructibles".
"Ils connaissaient la rue, un milieu où on se bagarre. Ils arrivaient parfois avec des plaies incroyables, mais toujours souriants. J'avais l'impression que rien ne les touchait. Et pour moi, ils avaient le choix de ne pas me rejoindre", a-t-il soutenu.
"Le viol est d'une violence inouïe", lui avait fait remarquer une avocate des parties civiles. "Oui, bien sûr", avait admis du bout des lèvres l'accusé. "Il y a plusieurs degrés de violence et je ne suis pas en haut de l'échelle", s'était-il défendu. Au cours de l'audience, M. Quenot avait affirmé qu'il se rendait compte désormais avoir été "totalement dans l'erreur" en négociant des faveurs sexuelles contre de l'argent.