Une association de l'Edhec jugée pour un bizutage qui a laissé un étudiant handicapé
L'association Course-croisière Edhec, qui existe depuis 1968 et organise chaque année une course de voile renommée, doit répondre d'actes de bizutage commis en septembre et octobre 2013, lors d'un voyage d'intégration à Arles et d'une soirée "d'intronisation" à Lille.
Une association de la prestigieuse école de commerce Edhec est jugée mercredi à Lille, en tant que personne morale, pour un bizutage présumé remontant à 2013, qui ont laissé un étudiant handicapé. L'association Course-croisière Edhec, qui existe depuis 1968 et organise chaque année une course de voile renommée, doit répondre d'actes de bizutage commis en septembre et octobre 2013, lors d'un voyage d'intégration à Arles et d'une soirée "d'intronisation" à Lille.
Dans la nuit du 17 au 18 octobre 2013, un jeune homme de 20 ans et d'autres étudiants de première année qui voulaient rejoindre l'association avaient été réunis dans la cave d'un appartement lillois, a rappelé le président du tribunal. Une bouteille contenant un mélange de rhum, vodka, bière et pastis avait été scotchée à leurs mains, avec la consigne de la boire en un temps limité. Les garçons devaient également se mettre en caleçon.
En état d'ivresse avancé et incapable de suivre les autres étudiants en discothèque, le jeune homme était resté dans l'appartement. Il s'était endormi sous la surveillance d'un autre étudiant, avant d'être découvert gravement blessé dans la cour aux alentours de 04h30. Souffrant d'un traumatisme crânien et de multiples fractures, il est vraisemblablement tombé d'une fenêtre du deuxième étage.
Douze ans plus tard, s'appuyant sur une canne, le jeune homme a expliqué au tribunal être handicapé à 35% et vivre avec des douleurs constantes. Il a dénoncé un "climat destructeur, déshumanisant dans les traditions que perpétue cette association".
Des étudiants avaient été mis en examen
L'enquête a, dans un second temps, été élargie au trajet en bus vers Arles, durant lequel les étudiants de première année avaient été obligés à garder la tête baissée et le silence, à boire, à embrasser un poisson mort. Ils avaient aussi été affublés de surnoms humiliants.
Des étudiants avaient été mis en examen, mais en 2017, la cour d'appel de Douai avait rendu une ordonnance de non-lieu, estimant que des faits précis ne pouvaient pas leur être imputés. L'association avait ensuite été renvoyée devant le tribunal. Elle est représentée mercredi par ses deux présidents actuels.
Le Comité national de lutte contre le bizutage (CNCB), partie civile au procès, a dénoncé "les trop nombreux classements sans suite dans les affaires de bizutage et la lenteur inacceptable de la justice", dans un communiqué diffusé en amont du procès. Un autre procès doit se tenir à Lille en janvier 2026 pour la mort d'un étudiant en médecine après une soirée d'intégration alcoolisée en 2021.
