Il y a 50 ans, chaque dimanche soir à 19h30 précises, les enfants étaient nombreux à se presser devant leur poste de télévision pour suivre les aventures de Medhi et de sa chienne blanche dans Belle et Sébastien. 26 minutes de film en noir et blanc, écrit et réalisé par Cécile Aubry, qui remplissaient de joie les gosses des années 1960. Au cœur du feuilleton : l’amitié indéfectible entre un petit garçon et sa chienne. C’est à ce monument du petit écran que s’est attaqué le réalisateur Nicolas Vanier. Ce passionné de montagnes ressuscite les deux héros le temps d’un film, Belle et Sébastien, qui sortira le 18 décembre sur les écrans.
Regardez la bande-annonce du film :
Félix Bossuet, un petit garçon aux cheveux ébouriffés et à la petite tête adorable, s’est glissé dans la peau de Sébastien à l’écran. Pour incarner son amie à quatre pattes, les équipes ont choisi une chienne prénommée Garfield.
>>> Europe 1.fr a demandé au réalisateur Nicolas Vanier de raconter comment il est parvenu à restituer cette belle amitié à l’écran :
Comment avez-vous choisi votre animal pour le film ?
Belle a été sélectionnée parmi une centaine de chiens. Il s’agit d’un patou, un chien des montagnes pas vraiment réputé pour son obéissance. Les bergers utilisent cette race de chien pour protéger les troupeaux des loups. Pour Belle, nous avons effectué un véritable casting, en fonction de plusieurs critères : la taille de l’animal, sa grosseur, son âge surtout, puisqu’il nous fallait impérativement un chien qui avait plus d’un an, et moins de 3 ans. Un chien de moins d’un an est comme un adolescent, turbulent. Au-delà de trois ans, il est au contraire comme un adulte, il a de mauvaises habitudes, on a du mal à lui apprendre des choses, voire même, on ne lui apprend plus rien. A partir de nos critères donc, le dresseur Andrew Simpson (qui avait déjà dressé les animaux pour Le dernier trappeur et Loup, mes deux derniers films) a rencontré des centaines de propriétaires et leurs chiens. Il en a alors sélectionné dix puis les a fait travailler pour voir la capacité des chiens à apprendre des choses faciles. Finalement, son choix s’est porté sur trois animaux : une chienne prénommée Garfield pour le rôle principal, et ses deux doublures. Elles avaient chacune des caractères spécifiques pour jouer dans des scènes plus ou moins dynamiques ou calmes. En revanche, quand on voit un gros plan du chien, c’est toujours Garfield.
Quand utilisiez-vous les doublures ?
C’est Garfield, la chienne vedette, qui a effectué le rôle principal d’un bout à l’autre du film. Les doublures nous servaient surtout pour les répétitions. On avait beaucoup besoin d’elles pour caler les caméras, ou pour caler les mouvements. On s’en servait aussi pour les répétitions, afin, au maximum, de préserver "l’actrice principale ". Même chose quand on filmait un petit point blanc à l’horizon, ce sont les doublures qui jouaient encore ce rôle.
Quant à Félix (7 ans et demi), vous l’avez recruté parmi 2.400 candidatures. Comment avez-vous travaillé avec lui et le chien ?
On est parti de 2.400 enfants en effet, pour arriver à une sélection de douze petits garçons. Je les ai alors emmenés dans le Vercors, où j’ai des chiens de traîneau, pour les mettre en contact et voir lesquels d’entre eux avaient "le feeling." Je ne leur faisais pas faire grand-chose. Seulement passer du temps avec les chiens, les caresser. Très vite, les chiens vont vers des enfants, et très vite, certains ne veulent pas aller vers d’autres. L’enfant devait avoir le feeling. Cette relation ne peut pas être trichée. On peut demander à deux acteurs de faire semblant de s’aimer pour un film. Entre un enfant et un chien, c’est différent. Et en l’occurrence avec un chien, c’est parfaitement impossible. Il fallait que cette relation soit vraie.
Combien de mois cela demande-t-il pour que le garçon et l’animal s’adoptent ?
Ça a pris un petit mois, pendant lequel on a mis l’enfant et le chien ensemble petit à petit. Tout ce travail était supervisé par Andrew Simpson, le dresseur. Andrew a interdit à quiconque avant et pendant le tournage d’avoir quelque relation que ce soir avec le chien, de le toucher, ou même de croiser son regard ! C’était la seule manière pour que le chien aille chercher toute sa tendresse auprès de l’enfant.
Concrètement, comment a fait l’équipe du film pour construire et montrer cette relation à l’écran ?
Ce qui est compliqué, c’est lorsque l’on filme l’enfant et le chien ensemble. Il faut que l’enfant soit juste et que le chien ait le bon regard. Or il suffit qu’une marmotte passe pour que l’animal se déconcentre ! Quand vous regardez des films avec un enfant et un chien, il est très rare de les voir ensemble à l’écran, si vous observez bien. On joue sur les champs et contre-champs mais on les voit rarement ensemble. Pour moi, c’était très important de les voir ensemble pour exprimer cette amitié. J’ai donc multiplié les prises pour les voir réunis.
Quels étaient les moments les plus délicats ? (Il y a par exemple une scène où l’enfant doit effectuer une piqûre au chien…)
Evidemment, l’enfant n’a pas vraiment piqué le chien. Cela dit, pour cette séquence ils sont tout le temps ensemble. Ça a donc pris beaucoup de temps. Il a fallu attendre que tous les deux se sentent bien, apaisés. Ce sont des séquences que certains réalisateurs détesteraient, moi je les adore. Il faut provoquer naturellement la chose. Une journée entière de travail, une journée et demi même, a été nécessaire rien que pour cette scène qui ne dure que quelques minutes.
Quels étaient les écueils à éviter ?
Je ne voulais pas du faux. C'est-à-dire filmer d’un côté l’enfant sur fond vert, et faire ensuite du montage. Je ne voulais pas construire une amitié superficielle. Je ne voulais pas tricher. Je pense que dans ce film, l’imagination fonctionne à plein devant cette relation entre un petit garçon et un chien sauvage. Si ça marche, c’est grâce à cette part de vérité. Il fallait que ça apparaisse.
>>> Dans le film, qui sera en salles mercredi, on retrouve même Medhi, le petit garçon, héros du feuilleton de 1965, devenu adulte. Nicolas Vanier lui a proposé le rôle d’un chasseur, André.
Belle et Sébastien, de Nicolas Vanier, avec Félix Bossuet, Tchéky Karyo, Margaux Chatelier, Dimitri Storoge et Mehdi, sortie en salles : le 18 décembre.