Nous sommes en 1750, le ciel est noir, les visages pâles comme la mort et le monde apparaît déformé par une présence surnaturelle. Le beau Barnabas (Johnny Depp) a le malheur de s’éprendre de la jeune Josette, brisant ainsi le cœur de la sorcière Angélique. Pour se venger, celle-ci le transforme en vampire et l’enterre vivant. Libéré par hasard deux-cents ans plus tard, le vampire se retrouve plongé dans le monde de 1972 et n’a qu’une idée en tête, retourner à Collinwood Manor. Mais il retrouvera bien vite des visages connus… dont celui d’une certaine Angie.
Dark Shadows, avant que Tim Burton n’en fasse un long-métrage, c’était d’abord un feuilleton-télé qui faisait fureur à la fin des années 60 aux Etats-Unis. Comme dans la série, fantômes et sorcières aux pouvoirs maléfiques peuplent l’univers du film, pour un conte fantastique aux accents gothique, comique et psychédélique. Après la série des Twilight, Tim Burton s’empare donc du thème des vampires sur un mode tragi-comique original.
Un dandy dans les 70’s
Johnny Depp excelle en vampire distingué. Et Tim Burton a le souci du détail. Pour incarner son rôle, la star a dû porter des prothèses de 7cm au bout de chaque doigt ! Pas une mince affaire, mais l’effet est réussi : ses doigts immenses aux ongles pointus (qui ne sont pas sans rappeler les mains encombrantes d’Edward aux mains d’argent) lui donnent une façon des plus gauche et appliquée de toucher les gens et les objets.
Eva Green irradie en sorcière- femme fatale. Quant aux descendants de la famille Collins, qui habitent la demeure de Barnabas en 1972, ils sont aussi cabossés que leur manoir. Soit alcooliques, soit fous, et surtout purs produits des 70’s, ils composent une photo de famille des plus baroque. Les années 70, d’après Johnny Depp, « sans doute l’époque la plus affreuse d’un point de vue esthétique ». Et l’acteur de conclure : « les gens achetaient n’importe quoi ». C’est ainsi que le manoir se retrouve truffé d’horribles poupées trolls, de bijoux en macramé, de lampes à lave et de bizarreries en tout genre.
Decouvrez un extrait de Dark Shadows :
Comédie d’épouvante
Dark Shadows alterne entre scènes d’horreur, scènes d’amour et moments burlesques mais c’est la comédie qui triomphe. L’essentiel de l’humour vient du personnage de Barnabas, dandy surgi du XVIIIe siècle, brusquement plongé au beau milieu des 70’s. L’anachronisme est toujours très drôle, l’imaginaire collectif utilisé avec une dérision ludique et le rire prend souvent le dessus. Malgré tout, l’univers fantastique et légèrement angoissant qui sert de toile de fond à Dark Shadows rappelle sans équivoque la tonalité générale de l’œuvre du cinéaste. Tim Burton réalise là un film d’une belle subtilité, riche et rythmé, et réussit à combiner plusieurs genres sans tiédeur.
Dark Shadows, au cinéma le 9 mai avec Europe 1