Fauve, ses paroles débitées d'une voix juvénile, sur fond de mal-être d'une génération, cultive la discrétion. Le "collectif" français, qui a sorti son premier album le 3 février dernier, ne participera pas aux Victoires de la musique, le 13 février prochain. "Il n'y a pas de rejet particulier des Victoires, mais on n'y accorde pas beaucoup d'importance", a expliqué le groupe d'une seule voix, comme toujours. Depuis ses débuts en 2010, Fauve évite farouchement de tout dévoiler, en refusant notamment les photos ou les apparitions à la télévision en dehors de ses concerts, souvent complets. Mais le groupe, porté par le web, se défend de tout marketing étudié. Si Fauve travaille son image, c'est "sans le calculer", explique-t-il à Europe 1 par la voix d'un de ses membres.
Collectif. Depuis tout à l'heure, on parle de groupe. Mais Fauve est "un collectif", 'Fauve Corp', qui va de cinq à "vingt, voire même trente personnes". Sur scène, ils sont cinq, la trentaine, c'est vrai, mais ils tiennent à faire savoir qu'ils sont bien plus à travailler ensemble sur le projet." Fauve affirme aussi vouloir "laisser la porte ouverte au maximum", intégrant même parfois dans leurs chansons des textes envoyés par des Internautes. Quant aux membres de Fauve, ils se voient plus comme des "artisans" que comme des "artistes".
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"Spoken word." Ni du slam, ni du rap mais du "spoken word". C'est ainsi que le groupe décrit son style musical. Et même, du "spoken word visuel", selon une tribune du Monde.
Fauve parle d'une seule voix. Sur le même esprit, le groupe ne s'exprime dans les médias que sous l’intitulé qui les réunit : Fauve. C'est un choix sur lequel tous sont tombés d'accord. "Pas de prénoms, juste le pronom 'on', nous enjoint-on", raconte un journaliste du Monde.
L'anonymat ? Le collectif ne se montre jamais à visage découvert. Sur scène, l’éclairage les fige dans la pénombre. Les journalistes, les photographes ? Ils les prennent de dos ou bien en contre-jour. C'est le contrat. "A l’origine, c’était une question de pudeur. A l’usage il y a plein de choses positives qui en ressortent et qui font qu’on y est de plus en plus attachés" confie Fauve. Pour la même raison, le groupe a donc décliné l'invitation des Victoires de la musique, qui seront diffusées en direct sur France 2. "On aurait trouvé ça hypocrite, sachant qu'on n'irait de toute façon pas et qu'on n'a pas envie de se montrer à la télévision", ont expliqué deux des artistes. "En plus, pour nous, la musique, ce ne sont pas des récompenses." Fin de la discussion.
Ne pas montrer leurs visages, un souci de "discrétion". "Le fait de ne pas montrer nos visages peut ressembler à une posture, mais à nos débuts, avant toute reconnaissance, on ne le faisait pas non plus", raconte l'un des membres de Fauve à Europe 1. "Nos chansons sont assez impudiques, précise-t-il, en tout cas transparentes et poser ensuite, comme un groupe de rock, à l'ancienne... le décalage serait étrange." Certains leur proposent de venir sur scène masqués… "Mais le but n'est pas de se masquer", explique Fauve. "Parfois, il nous arrive de montrer nos visages, on discute avec le public…" Au tout début du projet, Fauve n'avait pas vocation à "sortir" (dans l'espace public). Aujourd'hui, le succès est là, mais "au départ, c'était vécu comme une sorte de thérapie" par les membres du groupe. Exit les masques donc. Fauve reste simplement discret.
"Le marketing, on en fait, sans y réfléchir." "Répondre à une interview, ou poster un contenu sur Facebook, c'est déjà faire du marketing !", souligne l'un des membres de Fauve à Europe 1. Mais il le jure, le groupe "ne se soucie pas de l'image" qu'il renvoie. "On essaye simplement d'être à l'aise avec ce qu'on fait", précise notre interlocuteur. "Nous, tous ces trucs de marketing, je pense qu'on en fait, de fait, mais sans y réfléchir", assurent les membres de Fauve depuis les débuts. Du marketing, d'une certaine façon, ils en font, mais "maison". Les images, les vidéos, ils font ça eux même et le disent ouvertement. Les réseaux sociaux restent la base de leur communication. Indéniablement, Fauve, qui se rapproche du concept, vit avec son temps.