Birdman, le dernier long-métrage d'Alejandro González Iñárritu, était-il fait sur mesure pour Michael Keaton? La vie de l'acteur principal du film, quatre fois récompensé aux Oscars dimanche, possède en effet des similitudes frappantes avec celle du héros qu'il incarne.
Un film sur l'ego surdimensionné. "J'avais envie d'explorer la question de l'ego et l'idée que le succès - qu'il s'agisse d'une réussite financière ou de célébrité - est toujours une illusion", a confié Alejandro González Iñárritu à propos de son cinquième film, sur les écrans mercredi. Birdman raconte ainsi l'histoire de Riggan Thomson, acteur de cinéma déchu, qui tente de renouer avec le succès au théâtre et qui se noie entre son immense soif de reconnaissance et la réalité. A l'écran, on le découvre, luttant contre ses démons, symbolisés par "Birdman", le super-héros qu'il incarnait autrefois et qui ne cesse d'apparaître, fruit de son imagination, pour l'accabler et lui rappeler sa médiocrité. L'ex-star tente de prouver au monde entier, et surtout à lui-même, qu'il vaut mieux que celui qu'il est devenu.
Candidat idéal. Pour le rôle principal, Alejandro González Iñárritu a fait appel à l'acteur américain Mickael Keaton. Exactement comme le héros de son film, Michael Keaton, de son vrai nom Michael John Douglas, 63 ans, a connu la gloire à la fin des années 1980 et au début des années 1990. Le "Batman" des films de Tim Burton, c'était lui. "Beetlejuice" dans le film du même nom ? Lui aussi. Et puis, Mickael Keaton s'est fait plus rare sur les écrans, refusant plusieurs rôles. Sa carrière, si l'on excepte deux apparitions dans Jackie Brown de Quentin Tarantino, en 1997, rôle qu'il avait d'abord refusé, et Hors d'atteinte de Steven Soderbergh, en 1998, est alors en berne. "Il est l'un des rares acteurs à avoir traversé la même chose que le personnage" a d'ailleurs confié Iñárritu à propos de Keaton, qui se défend pourtant de tout rapprochement trop rapide entre les deux parcours. "L'idée d'un comédien prêt à tout pour être pris au sérieux au risque d'en devenir fou se situait à l'opposé de ma trajectoire", a-t-il confié au Monde. Toujours est-il que son interprétation est bluffante.
Dans cette scène, on découvre sa fille, incarnée par Emma Stone. "C'est toi qui n'existe pas", lui lance-t-elle à la figure :
Sincérité.Birdman a été tourné, avec quelques astuces tout de même, en un seul et même plan séquence, c'est-à-dire en une prise. Le spectateur a ainsi l'impression de suivre les affres de Keaton comme s'il était plongé dans les méandres de son cerveau. Résultat ? Entre la forme visuelle du film et le jeu de Michael Keaton, l'équilibre est parfait. Le personnage principal, de la bouche-même de son interprète, "traverse toute une gamme d'émotions, dans une seule et même scène". Une performance. Michael Keaton parvient à se glisser dans la peau de Birdman et insuffle une vraie profondeur au personnage. Dimanche, Eddie Redmayne lui a sifflé l'Oscar du meilleur acteur. Pourtant la prouesse de l'acteur est clairement à la hauteur.
>> A LIRE AUSSI : "Birdman" triomphe aux Oscars 2015