L'INFO. La crise couvait depuis des mois. Les tensions autour du musée Picasso à Paris sont désormais ouvertes. En jeu, la date de réouverture de l'établissement public fermé depuis cinq ans pour travaux mais aussi le management contesté de sa présidente Anne Baldassari. "J'ai l'impression que la France se fout de mon père et aussi de ma tête !", tonne Claude Picasso, le fils de Pablo Picasso, dans un entretien au Figaro daté de vendredi.
"Pas à quelques semaines près". Claude Picasso, qui représente la famille au conseil d'administration du musée, exige de la ministre de la Culture Aurélie Filippetti qu'elle s'engage "à tout faire" pour ouvrir le musée en juin, avec l'actuelle présidente Anne Baldassari "à sa tête". Le ministère de la Culture a révélé que l'ouverture du musée, qui était envisagée en juin, pourrait être repoussée à mi-septembre.
"Nous ne sommes pas à quelques semaines près, après cinq ans de fermeture", estime Vincent Berjot, directeur général du patrimoine au ministère. "Il est de la responsabilité du ministère que toutes les conditions soient réunies pour une bonne ouverture du musée : la sécurité des collections, les conditions d'accueil du public et le bon fonctionnement des équipes". Il faut également "trouver le meilleur moment pour cet événement exceptionnel et fin juillet ne l'est pas", déclare le directeur.
Interrogé sur les méthodes de management contestées d'Anne Baldassari, accusée notamment de ne pas assez déléguer, il souligne qu'"il y a un rapport de l'inspection générale du ministère qui décrit une ambiance de travail extrêmement dégradée".
Étonnement de la part du ministère. Claude Picasso, homme fort de la famille, soutient pour sa part Anne Baldassari. "Elle se bat depuis dix ans" pour que la réouverture du musée agrandi "soit une fête à partager avec les visiteurs du monde entier", relève-t-il. Il dit envisager de démissionner du conseil d'administration du musée "si on prend n'importe qui pour réaliser l'accrochage qu'elle avait prévu".
Le ministère de la Culture se déclare "très étonné de la tournure" que prend la question de la date de réouverture du musée Picasso. "Les propos de Claude Picasso sont très excessifs", estime Vincent Berjot."Nous partageons le même objectif de valoriser le génie de Picasso et de son oeuvre", dit-il. "Le ministère a investi 19 millions d'euros dans la rénovation du musée et il procède actuellement au recrutement de 40 personnes".
"Quand on investit autant, quand on recrute, quand on double les surfaces, je ne pense pas que l'on se moque de l'oeuvre de Picasso. On lui donne un magnifique écrin", souligne-t-il.
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