Qui ne connaît pas au moins une réplique, et parfois même sans le savoir, du Père Noël est une ordure ? Créée en 1979 par la troupe du Splendid et devenue en 1982 un film culte grâce à Jean-Marie Poiré, cette farce, jamais rejouée en 35 ans, reprend vie. A la mise en scène : Pierre Palmade, qui a eu la bénédiction du Splendid. Zézette et son caddie, Pierre Mortez et son gilet-serpillère, le voisin et son accordéon, Katia et sa perruque, sans parler de Félix le Père Noël alcoolique, tous se retrouvent sur la scène du théâtre Tristan Bernard. Europe1 était dans la salle, pour le lever de rideau. Alors, c'était comment ?
La performance des acteurs ? 4/5 C'est "la troupe à Palmade" qui remplace sur scène la troupe du Splendid. Alors que les comédiens du Splendid incarnent à jamais les personnages dans la mémoire du public, il fallait des personnages forts, et justes. C'est bien le cas dès l'entrée de Marie Lanchas et Benoît Moret, dans le duo Thérèse et Pierre Mortez. On retrouve sans mal la BCBG coincée et le pervers Mortez de la permanence "SOS détresse amitié". On est ravi quand Loïc Blanco fait une entrée remarquée, mais digne, sous la perruque de Katia. On rit franchement quand on retrouve la gouaille de Josette (Zézette), avec Emmanuelle Bougerol dans ses collants rayés. On comprend l'irritation qu'inspire Julien Ratel, dans le rôle du voisin Radhan Presko, et qui essuie plusieurs mises à la porte. Sans parler de Nicolas Lumbreras, en Père Noël débraillé et violent, qui fait revivre Félix.
L'écueil de l'imitation, évité ? 3/5 Evidemment, comme Pierre Palmade sans doute, assis à quelques rangs de nous, on avait un peu le trac. Le pire, quand on s'attaque à une œuvre aussi culte, c'est le faux pas. Des acteurs médiocres, la mayonnaise qui ne prend pas, et c'est la catastrophe : non seulement c'est mauvais, mais on a osé écorner le mythe. La nouvelle troupe arrive heureusement à endosser les rôles sans copier ses aînés. Si on est un peu parasité, les premières minutes, par le film qu'on a du mal à ne pas superposer, on s'en détache peu à peu, grâce à la cohérence d'ensemble.
Ambiance ? 4/5 Le plaisir du texte, qui piétine gentiment le politiquement correct, revient très vite. Les répliques sont parfois sur les lèvres du public, hilare, avant même qu'elles soient prononcées. A l'heure du salut final, c'est toute la salle qui a l'air conquise, certains applaudissent même debout. Médiocrité et bassesses, vulgarités et fausse charité font toujours rire. Bref, comme dirait Thérèse, "c'est fin, c'est très fin, ça se mange sans faim."