Respire, sorti en salles le 12 novembre, c'est l'histoire d'une amitié toxique entre deux adolescentes, l'une douce et sage, l'autre, solaire mais perverse. Pour écrire le scénario de son deuxième film, adapté d'un roman d'Anne-Sophie Brasme, Mélanie Laurent a travaillé devant les photos des deux actrices principales, Lou de Laâge et Joséphine Japy, avant même de les avoir rencontrées. "J'ai énormément de mal à écrire sans visualiser mes personnages", confie la réalisatrice à Europe 1. Quand elle leur a proposé d'incarner Charlie et Sarah, les deux actrices n'ont pas hésité une seconde, devant ce "cadeau complètement fou". Mais pour composer les deux rôles, qui portent ce film bouleversant, il a fallu travailler dur. Mélanie Laurent, Lou de Laâge et Joséphine Japy nous plongent dans l'envers du décor.
Un week-end en tête-à-tête. Avant le tournage, les trois jeunes femmes sont "parties ensemble à la campagne". Mélanie Laurent tenait en effet à ce que ses actrices "s'aiment pour jouer le désamour", à ce qu'elles "s'entendent bien, pour pouvoir mieux se détester", comme le réclame l'histoire du film. Coup de bol, les deux actrices s'entendent à merveille. Toutes trois ont alors "de longues conversations" sur les personnages, sur leurs rapports, et sur le scénario. Ensemble, elles construisent la manipulation psychologique : "le chaud, le froid, le rétrécissement de soi".
Deux rôles très physiques. Les deux rôles principaux de Respire ont nécessité un énorme travail sur la gestuelle. "Lou, c'était le rôle de la pieuvre, du diable ", explique la réalisatrice, qui, pour jouer la domination, lui a donné comme consigne "de ne jamais s'excuser et de ne jamais dire merci." Elle demande aussi à son actrice de faire des exercices pratiques, de "dire bonjour à la manière de Sarah", avec sa "sensualité" et son côté "tactile". Le déséquilibre qui s'installe devait transparaître dans chaque scène. Quant à Joséphine Japy, il fallait, selon Mélanie Laurent, "qu'elle soit, tous les jours, de chaque plan. Comme son personnage est asthmatique, elle devait respirer très fort, ce qui fait tourner la tête. Donc il y avait aussi quelque chose de sportif à tenir". Résultat le premier jour du tournage ? "On savait exactement où on voulait aller", se souvient Lou de Laâge.
Une à deux prises maximum. Le tournage a duré six semaines. "Quand je dirige mes actrices, je leur explique souvent comment je tourne", précise Mélanie Laurent, qui prend le temps de leur décrire ses plans et l'ordre du découpage des scènes. "Je fais ensuite très peu de prises, une, deux maximum", dit-elle.
"Mélanie ne disait jamais 'Action !" Mélanie Laurent n'a pas hésité à ajouter vingt petites scènes au moment du tournage, selon Joséphine Japy. Si la réalisatrice a une idée très précise de ce qu'elle veut obtenir, "elle s'adapte aussi à la proposition des comédiens", raconte Lou de Laâge. Mélanie Laurent a surtout une méthode bien à elle : la réalisatrice "ne dit jamais 'action' sur le tournage", se souviennent les deux actrices, qui commençaient donc à leur rythme. "Et très souvent, elle disait 'coupez', mais après la vraie coupure de la scène. Ce n'est plus écrit et il fallait continuer à jouer". Pour d'autres séquences, elles doivent utiliser leurs propres mots. "Rien n'était figé."
"Mélanie me parlait dans l'oreillette." La réalisatrice, qui a créé une sorte de "bulle de confiance" a donné "le droit à l'erreur" à ses actrices. "Tu es tellement à l'aise que tu t'autorises à aller dans les émotions", raconte Lou de Laâge. Joséphine Japy se rappelle notamment la scène finale, dont on ne dévoilera rien, sinon qu'elle est particulièrement intense. "Mélanie m'a dit 'Ecoute, c'est une scène qui est très dure, y compris physiquement. La réalisatrice lui explique alors qu'elle va cacher sur elle une oreillette et qu'elle va l'aider. "Elle ne me poussait pas, mais me disait simplement : ça va, tout va bien, ne t'inquiète pas, je suis là. Elle me parlait seulement dans l'oreille quand mon personnage devait reprendre sa respiration, et c'est elle qui m'a aidé à le faire, grâce à l'oreillette." Joséphine Japy se souvient de cette scène avec beaucoup d'émotion. "Chaque fois que je la vois, dit-elle, je suis toujours très émue parce que je trouve que c'est un moment très puissant d'échange entre un acteur et son réalisateur".
Respire, de Mélanie Laurent, avec Lou de Laâge, Joséphine Japy, Isabelle Carré et Claire Keim. En salles le 12 novembre, avec Europe 1.