Terre battue, le premier film de Stéphane Demoustier, le frère de l'actrice Anaïs Demoustier, sur les écrans mercredi, est tiré d'un fait divers réel. Les faits remontent à 2003. Un père de famille de 45 ans est alors jugé à Mont-de-Marsan pour avoir introduit du Temesta, un puissant anxiolytique ayant des effets somnifères, dans les bouteilles d'eau des adversaires de tennis de ses enfants. L'un d'eux était mort quelques heures plus tard dans un accident de voiture.
Le fait divers, "un déclencheur." Quand le film commence, le père, admirablement incarné par Olivier Gourmet, vient de se faire licencier de son travail dans la grande distribution, un travail qui le passionnait. Et l'on comprend qu'il va reporter son échec sur son fils. Alors qu'il tente de monter son entreprise, il s'aperçoit que son fils progresse, qu'il peut même prétendre participer au tournoi de Roland Garros. Le père va alors pousser son fils et ça va mal se terminer.
Stéphane Demoustier est donc parti d'une histoire vraie, mais il l'a étendue à la société toute entière. Il aborde dans Terre battue les questions de l'importance du statut social, de la compétition et du sentiment d'échec. Le fait divers a été "un déclencheur" pour le réalisateur. "Je me suis demandé ce qui se jouait derrière ce drame. Il fallait tout réinterpréter", confie-t-il.
Le jeune héros du film, Ugo, joué par Charles Mérienne, a été repéré par le réalisateur lorsqu'il tournait un documentaire sur les petits joueurs de tennis.
Sans faute. Il s'agit d'un "très bon premier film", selon Bruno Cras, le spécialiste cinéma d'Europe 1. Pour un coup d'essai, c'est même, dit-il, "un coup de maître." Mention spéciale au jeu d'Olivier Gourmet, le père, qui décrit les supermarchés avec extase, dans une scène avec Valeria Bruni Tedeschi, qui incarne sa femme.