Le trio des Inconnus n’a plus la même fraîcheur qu’il y a 19 printemps, et ça se voit. Les trois acolytes sont de nouveau réunis au cinéma dans une comédie : Les trois frères, le retour, sur les écrans mercredi. Si le premier volet, sorti en 1995, était du genre efficace, numéro 1 du box-office en France l’année de sa sortie, le second peine à vous tirer des éclats de rire…
On les a tant aimés... Les Inconnus valent mieux que ce deuxième volet. Si l’on est si dur, c’est parce qu’on les a beaucoup aimés. On rembobine. En 1995, Les trois frères débarque au cinéma avec son cocktail de blagues, un vent d’hilarité plein de fraîcheur. Humour décalé, parodique, absurde, grimaces et déguisements, le tout sonne juste entre les trois compères qui ne se prennent pas au sérieux. Résultat, on est conquis. Avec plus de 6.5 millions de spectateurs, le film occupe la première place au box-office dans l’Hexagone et s’impose comme le succès de l’année. C’est donc à ce "monument", le leur, que les trois acteurs se mesurent à nouveau aujourd’hui. Et c’est là que le bât blesse. Les "frères Latour" ont pris un sacré coup de vieux. Et leurs gags ressemblent désormais à un mauvais recyclage…
Le scénario qui rame. Les trois frères sont de nouveau assis autour de la même table, réunis (encore) par leur défunte de mère, cette fois autour d’une histoire de dettes. Mais on peine à entrer dans l’histoire. L’impression de déjà-vu parasite le scénario, d’autant qu’elle donne la douloureuse impression de taper à chaque fois en dessous du premier volet. Les relations entre les frères sont tendues mais ne provoquent pas le comique de situation escompté. On se fatigue devant ces trois "losers" qui, au tournant de la cinquantaine, versent presque dans le pathétique. Bernard joue les comédiens ratés qui se produit dans un café-théâtre devant un public qui ne l’écoute plus, Didier s’invente une vie de prof de philo à l'université alors qu’il vend des sextoys par correspondance et Pascal n’est plus que l’ombre de lui-même, gigolo entre les griffes d’une riche "couguar". Les retrouvailles sont douloureuses et la petite musique a soudain plus à voir avec le disque rayé.
2014, vous avez dit 2014 ? L’introduction d’une jeune femme dans l’intrigue, Sarah, qui se présente comme la fille de Bernard Campan, est un bel effort pour redonner un peu de fraîcheur. Les mentalités ont évolué, les drogues ont changé… Oui mais voilà, l’arrivée de cette jeune banlieusarde version caricaturale, qui abuse du verlan et secoue ses beaux-pères adoptifs n’a de cesse de les retrancher encore plus dans le rôle de vieux dépassés. On entrevoit les trafics de drogue, les rapports violents d’une jeunesse, mais tout cela ne sert ni l’humour, ni ne ranime la flamme.
Leur humour a pris des rides. Les ressors comiques ne fonctionnent plus à plein. Il y a quelque chose dans le ton de résolument daté. Les blagues se cantonnent au graveleux, les bons mots ne font pas vraiment mouche. Résultat : l’humour ne passe plus la barre. Au fil des minutes, ça vous saute à la figure : le paysage a trop évolué, les laissant sur la touche. OSS 117, Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre, Intouchable, Very Bad Trip, Les Garçons et Guillaume à Table ou Bienvenue chez les Ch'tis sont passés par là. Et même si le plaisir de se retrouver ensemble affleure parfois, la reformation n’a plus le même éclat. A leur décharge, ils ne sont pas les seuls : Les Bronzés 3 ou La Vérité si je mens 3 ont déçu. Alors avis aux réalisateurs de films à succès : les blagues les plus courtes sont toujours les meilleures.
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