La vie d’Edith Piaf dont on célèbre ce jeudi 10 octobre le cinquantième anniversaire de la mort est digne de la légende. Mais cette légende s’est aussi construite avec les chansons qu’elle a interprétées : de "Mon légionnaire " (1936) à "A quoi sert l’amour ? " en duo avec Théo Sarapo (1962), en passant évidemment par " L’hymne à l’amour " (1950) et " Milord " (1959).
Piaf vivait pour la chanson et c’est une chanson qui va être à l’origine de sa résurrection aux débuts des années 60 et du sauvetage de l’Olympia.
Un jeune compositeur de 31 ans, Charles Dumont, se décide à lui présenter une de ses nouvelles compositions. Mais, comme Piaf lui a déjà refusé deux de ses chansons, c’est à contrecœur qu’il se présente au domicile de la vedette, le 5 octobre 1960.
Très fatiguée et malade, Edith Piaf accepte de recevoir Charles Dumont et Michel Vaucaire qui a écrit les paroles. Charles Dumont se met au piano, joue une première fois " Non, je ne regrette rien ".
Charles Dumont nous fait revivre cet incroyable moment en interprétant, comme autrefois, sa chanson au piano :
Sur un ton peu aimable, Piaf lui demande de recommencer. A la deuxième écoute, elle l’interroge le plus sérieusement du monde :
-C’est vraiment vous qui avez écrit cette chanson ?
-Oui, oui madame, répond Charles Dumond, furieux.
-Vous ne voulez pas me la rejouer une troisième fois ? "
Charles Dumont s’exécute et 53 ans après se souvient de ce qui a suivi :
" La troisième fois, elle a changé d’attitude dans les trois minutes que dure la chanson. Elle me regardait d’une autre manière. Elle a changé de ton et elle m’a dit : ne vous faites plus de souci, jeune homme, cette chanson va faire le tour du monde et c’est avec elle que je commencerai mon prochain tour de chant. "
" Non, je ne regrette rien " a donné à Edith Piaf la force de remonter sur scène. Comme elle l’a dit à Charles Dumont, elle la chante pour la première fois le 29 décembre 1960, en ouverture de son récital à L’Olympia. Ce soir-là, il y aura 22 rappels.
Une nouvelle page de la légende de Piaf vient de s’écrire.