Vincent, le héros du premier long-métrage de Thomas Salvador, Vincent n'a pas d'écailles, a un pouvoir extraordinaire. Au contact de l'eau, sa force décuple, à l'instar de Popeye qui avale des épinards, ou d'Astérix qui s'envoie une rasade de potion magique. Le héros, incarné par le réalisateur du film, sur les écrans mercredi, ne change pas d'apparence mais se retrouve brusquement doté de super-pouvoirs. Vincent, d'un coup, est capable de nager extrêmement vite, de sauter plus haut, de trouer un mur ou de porter une bétonneuse à bout de bras. Alors que donne un film de super-héros à la française ? Europe 1 a comparé Vincent n'a pas d'écailles avec les films de super-héros hollywoodiens.
Super-héros ou anti-héros ? Vincent, héros placide, loin de sauver le monde, n'a pas de devise. Ou bien peut-être la même que Popeye, à savoir : "J'suis c'que j'suis". On ne le voit donc pas voler au secours d'une belle plante, mais bien plutôt… barboter dans toutes les eaux possibles, du lac, aux bassins, à la rivière en passant par la fontaine du village. Certes, il lui arrive d'utiliser ses super-pouvoirs, mais c'est davantage pour échapper à des gendarmes lancés à sa poursuite que pour contribuer à une grande cause. Le réalisateur résume lui-même : Vincent "ne se sent investi d'aucune mission." D'ailleurs, quand on lui parle de super-héros, il a des doutes : "Vous imaginez un super-héros uniquement opérationnel les jours de pluie ou contraint de 'patrouiller' un pack d'eau minérale à la main ?" Non, Vincent n'a du super-héros que les pouvoirs et le réalisateur a plutôt choisi de faire de lui un homme simple, relativement solitaire, taiseux et "pris dans sa propre vie d'homme".
Clins d'œil. Pourtant, le film convoque la figure du super-héros, à travers quelques clins d'œil savoureux aux films d'Hollywood. Le réalisateur, fan de cinéma fantastique et de super-héros, s'est amusé avec les références. Dans l'une des scènes du film, on voit ainsi Vincent et sa copine, Lucie, rejouer la scène du "baiser tête en bas" de Spider- Man 2. Mais cette fois, c'est la jeune femme qui a la tête à l'envers, pour un baiser inversé. Dans une autre scène, Vincent, après avoir trempé sa main dans l'eau devant Lucie, commence une transformation à la Hulk, avant d'éclater de rire. Lorsqu'on le voit enfiler une combinaison de plongée, on peut difficilement s'empêcher de penser à l'incontournable costume moulant traditionnel de super-héros.
Traitement réaliste. Le film est plutôt lent, plutôt contemplatif, sans excès de dialogue. Parfois c'est même un peu frustrant. Mais Thomas Salvador a clairement choisi un traitement réaliste et sobre. Côté super-pouvoirs, le réalisateur n'a rien révélé de ses trucages, mais il évoque des "effets à l'ancienne", sans aucun recours au numérique. Ce décalage avec la dimension du super-héros hollywoodien a un pouvoir comique : dans Vincent n'a pas d'écailles, le personnage, très ancré dans la réalité, utilise au compte-goutte des super-pouvoirs "faits maison". C'est drôle, pourtant le réalisateur n'en abuse pas. Les fans de super-héros seront déçus, mais l'idée est originale. Thomas Salvador revisite le genre à sa façon, avec humour, et tout en poésie.