Suprêmes s’ouvre sur une déclaration de François Mitterrand en 1989, laissant entendre qu’il a pris conscience de la détresse de la jeunesse des banlieues. Trente ans plus tard pourtant, rien n’a changé. Voilà la toile de fond de ce long métrage, présenté au Festival de Cannes samedi soir. Des banlieues qui s’embrasent, la défiance des forces de l’ordre et du pouvoir politique à l’encontre d’une jeunesse qui, dans le même temps, est tout simplement en train de créer un nouveau courant artistique, celui du hip-hop.
En France, les précurseurs sont donc NTM. Le film raconte la formation du groupe, Kool Shen en étant la tête tandis que JoeyStarr en était les bras, tout en cherchant par ailleurs de la reconnaissance de son père. Présent sur la Croisette pour défendre Suprêmes, le rappeur devenu acteur voit également dans le long-métrage une réflexion autour de l'art. "C'est un peu la clef de tout quelque part", explique-t-il à Europe 1.
"Ce qui nous a sauvés, c'est l'art"
"Quand on voit ces bandes de jeunes qui se mettent sur la gueule, qui sont prêts à en crever un, c'est parce que leur seule référence, c'est leur ego", poursuit JoeyStarr. "Nous, ce qui nous a sauvés, c'est l'art, la danse, le graffiti, tout ça. Cela nous a fait comprendre que le monde ne s'arrêtait pas au trottoir d'en face. Que l'ego ne régit pas tout."
Suprêmes fait aussi référence à Malek Oussekine. Pourtant, il reste un peu trop sage par moments malgré le sujet. Reste qu’on y découvre (ou redécouvre) l’histoire de l’invention du rap français, qui est aujourd’hui la musique la plus consommée dans notre pays sur les plateformes de streaming.