Adèle Haenel a pris une décision radicale : arrêter le cinéma. La star, César de la meilleure actrice en 2015 pour Les Combattants, s'était montrée beaucoup plus discrète ces derniers mois. Alors que ses fans se demandaient où elle avait bien pu passer, Adèle Haenel a brisé le silence dans une lettre ouverte publiée par nos confrères de Télérama.
"J'ai décidé de politiser mon arrêt du cinéma"
"J'ai décidé de politiser mon arrêt du cinéma pour dénoncer la complaisance généralisée du métier vis-à-vis des agresseurs sexuels et plus généralement, la manière dont ce milieu collabore avec l'ordre mortifère écocide raciste du monde tel qu'il est ", explique l'actrice, connue pour ses combats féministes et écologiques. Elle avait notamment quitté la cérémonie des César, en 2020, le poing levé, pour dénoncer la consécration de Roman Polanski, accusé d'abus sexuels.
"Je vous annule de mon monde"
Adèle Haenel dénonce ensuite un cinéma qui lui semble trop "léger" face à "la biodiversité qui s’effondre, à la militarisation de l’Europe qui s’emballe et à la faim et la misère qui se répandent". La comédienne de 34 ans désire être en accord avec ses convictions. "Face au monopole de la parole et des finances de la bourgeoisie, je n'ai pas d'autres armes que mon corps et mon intégrité. De la cancel culture au sens premier : vous avez l'argent, la force et toute la gloire, vous vous en gargarisez, mais vous ne m'aurez pas comme spectatrice. Je vous annule de mon monde. Je pars, je me mets en grève, je rejoins mes camarades pour qui la recherche du sens et de la dignité prime sur celle de l'argent et du pouvoir".
La comédienne, qui avait révélé, en novembre 2019 avoir été victime d'attouchements et de harcèlements sexuels par le réalisateur Christophe Ruggia, dénonce également l'impunité des prédateurs sexuels :"Mais elles et eux toustes ensemble pendant ce temps se donnent la main pour sauver la face des Depardieu, des Polanski, des Boutonnat. Ça les incommode, ça les dérange que les victimes fassent trop de bruit, ils préféraient qu’on continue à disparaître et crever en silence.
En conclusion, la comédienne tire la sonnette d'alarme : "Il y a urgence : il n'y a plus d'avenir vivable pour personne à très court terme dans le cadre du capitalisme. Il est urgent de vocaliser cette alarme le plus fort possible".