Pochette culte du groupe The Smiths, titre dédié par Madonna, voix sur un tube de Dalida, et autres escapades dans la variété : le nom d'Alain Delon, disparu dimanche, a parfois rimé avec musique, avec plus ou moins de bonheur.
"The queen is dead"
"La reine est morte": c'est le titre du 3e album de 1986 de The Smiths, groupe pop-rock britannique majeur. La pochette présente Alain Delon, couché, comme passant de vie à trépas, image tirée de "L'insoumis", film d'Alain Cavalier (1964). La formation du chanteur Morrissey joue ici sur l'ambiguïté sexuelle, en mariant cette photo et ce titre en mode queer.
Le journal français Libération rappelle que "l'acteur avait donné son accord au groupe demandant juste à changer si possible le titre, ses parents n'approuvant pas particulièrement que leur fils apparaisse sur un disque intitulé 'La reine est morte'". Requête "pas accordée".
Le comédien ne leur en veut pas et pose avec le t-shirt de cette pochette en Une du magazine musical français "Top 50", document exhumé sur les réseaux sociaux par Alister, cofondateur de la revue française Schnock.
"Madonna fan... et moins fan"
Fan de Delon, Madonna lui avait dédié un titre dans son album MDNA sorti en 2012. La chanson intitulée "Beautiful killer" faisait référence au "Samouraï" et se terminait par: "You’re a beautiful killer but you’ll never be Alain Delon" (tu es un beau tueur mais tu ne seras jamais Alain Delon).
En 2015, la reine de la pop avait d’ailleurs confié que l’acteur français était son béguin d’adolescente : "Il est tellement charismatique", confiait-elle.
Cinq ans plus tard, elle s'était montrée moins glamour avec la star à l'occasion d'un selfie avec un spectateur monté sur la scène du Grand Rex, à Paris, où elle se produisait. Apprenant que ce dernier se prénommait Alain elle avait réagi en lui disant : "Oh comme Alain Delon ! Je l’adorais mais on m’a dit qu’il était facho maintenant".
"Paroles... Paroles..."
Pour le grand public en France, Alain Delon et la musique, c'est avant tout ce tube de la chanteuse Dalida de 1973 sur lequel l'acteur pose sa voix (près de 62 millions d'écoutes sur Spotify, plateforme N°1 du streaming musical mondial). L'interprète du "Samouraï" y parle, dans le rôle du beau parleur, séducteur dont les grosses ficelles sont moquées par le personnage féminin endossé par Dalida.
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"Selon la légende", Alain Delon a soigné "son passage derrière le (micro), en s'enregistrant dans le noir et en répétant 'Que tu es belle' comme un mantra provoquant un fou rire de Dalida", rapporte le magazine français Paris Match.
Dans une émission télé française, dans les années 1990, Alain Delon reprend ce titre avec Céline Dion. "Son départ me rend triste. Je garderai ses paroles murmurées à mon oreille comme un bonheur partagé le temps d'une chanson", a d'ailleurs posté en hommage sur ses réseaux la Québécoise.
"Comme au cinéma"
"Mise au point sur moi", "On a raconté plein d'histoires, entre le jeune loup et le Guépard" : Alain Delon parle évidemment de lui dans "Comme au cinéma", chanson de 1987 sur un timbre crooner, entre parlé et chanté. Le morceau sonne aujourd'hui très daté, avec son saxophone plaintif.
Derrière ce titre, Romano Musumarra est aux manettes, un faiseur de succès de l'époque, qui avait notamment tricoté pour la princesse Stéphanie de Monaco "Comme un ouragan".
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Toujours aussi kitsch, il y ce duo, "Thought I'd ring you" en 1983 avec la diva Shirley Bassey, connue par les B.O. de James Bond ("Goldfinger", "Les diamants dont éternels", "Moonraker").
Plus touchant, dans une émission télé française des années 1970, l'acteur ne se démonte pas et entonne en direct "Les moulins de mon cœur", un classique de Michel Legrand, au milieu d'une tablée de stars, avec Jane Birkin, l'Anglaise préférée des Français, Johnny Hallyday, star hexagonale, et Serge Gainsbourg non loin.
"Laetitia"
Et puis il y a cette pépite méconnue de 1966, "Laetitia", chanson composée pour la B.O. du film français "Les aventuriers" de Robert Enrico, où Alain Delon joue.
La voix de l'acteur sonne très juste. Derrière ce petit miracle, il y a François de Roubaix, compositeur français de musiques de films. Longtemps vénéré d'un petit cercle de mélomanes et cinéphiles, le musicien est passé à la postérité avec le hit "Supreme" de Robbie Williams, qui repose sur un sample de la B.O. du film "Dernier domicile connu" (1970) composé par De Roubaix (qui meurt en 1975 dans un accident de plongée aux Îles Canaries).
La revue Schnock avait publié une photo de la session d'enregistrement avec Delon et De Roubaix, dédicacée par le comédien avec ce trait d'esprit: "Dommage que tu aies du talent, sinon tu aurais du succès".