Elle est Belge, extravagante et presque toujours coiffée d'un chapeau. Amélie Nothomb, qui vient de sortir son 25e roman, Riquet à la houppe, s'est confiée sur Europe 1 sur sa vie de romancière et sur ses livres, ses "enfants de papier", dans Il n'y a pas qu'une vie dans la vie.
Baronne. Elle qui vient d'être reçue à l’académie royale de Belgique, un "honneur considérable", a aussi été anoblie l'an dernier. Elle est devenue baronne grâce à ses livres dans une famille de barons, où par loi salique, seuls les hommes héritent du titre. Son père lui disait que le seul moyen de le devenir était d'épouser un baron. "Hé bien non ! C’est quand même rigolo d’être directement baronne sans avoir dû épouser qui que ce soit !"
La Belgique, "au départ, cela m’a paru affreux". Avant les honneurs belges, elle a voulu faire sa vie au Japon, où elle née et a vécu jusqu'à 5 ans avant de parcourir le monde au gré des affectations de son père, ambassadeur. Le pays l'a marquée au point de longtemps se sentir japonaise, jusqu'à ce qu'elle y revienne pour y travailler. Une expérience désastreuse qu'elle raconte dans son livre Stupeur et tremblements. C'est au Japon aussi qu'elle a failli se marier avant de s'enfuir une semaine avant la date fatidique et de revenir dans son pays. Pourtant, sa rencontre avec ses origines belges, quelques années auparavant, avait mal débuté. "Au départ, cela m’a paru affreux." Amélie se sent aussi seule et laide. A sa mère qu'elle questionnait alors sur son physique, elle obtenait cette réponse ambiguë : "Tu es touchante, ma chérie." L’ambiguïté est levée par sa grand-mère "d’une méchanceté célèbre" qui lui assène : "Hé bien toi, j’espère que tu es intelligente, parce que tu es tellement laide".
"Cruauté". Cette préoccupation de la beauté se retrouve dans plusieurs de ses ouvrages, créés à la faveur de ses insomnies et publiés au rythme d'un par an alors qu'elle en écrit bien plus : "3,7". Son dernier roman questionne la maternité, mais n'échappe pas aux questions de la beauté, de la laideur et de l'intelligence, comme dans le conte de Perrault dont elle emprunte le titre. "C’est tellement difficile d’être laid dans ce monde...Tant mieux si on leur prête une intelligence même illusoire. Ce qui est en revanche dramatiquement injuste, c’est que, quand on a affaire à une personne d’une beauté extrême, automatiquement, cette personne est vue comme un imbécile. Il n’y a pas de raison que cette personne soit plus bête que les autres. La première injustice, c’est le physique. Mon pari est que l’extrême laideur et l’extrême beauté se rejoignent dans la cruauté."
Le coup de griffe d'Amélie Nothomb contre Gallimard
Cela fait 24 ans que la romancière signe chez Albin Michel. Le manuscrit de son premier roman, Hygiène de l’assassin, a été refusé par Philippe Sollers de Gallimard. "Je lui en suis immensément reconnaissante, lance-t-elle. Ce n’est pas une formule de politesse. Je pense que si ce roman a connu un si grand succès, c’est aussi parce qu’il n’était pas publié par Gallimard. La politique des jeunes auteurs chez Gallimard ne me convient pas du tout."