Il y a trois mois, "Anatomie d'une chute" remportait la Palme d'or au Festival de Cannes et ce mercredi, le film de Justine Triet sort enfin au cinéma. L'intrigue retrace le procès d'une autrice allemande, interprétée par Sandra Hüller, accusée du meurtre de son mari dans leur chalet en haut des Alpes. Et depuis le banc des accusés, le personnage principal, Sandra se bat dans un français très balbutiant pour prouver son innocence.
La mère de famille s'égosille à la répéter, elle n'a pas tué ni poussé son mari comme le soutient aussi son avocat, interprété par le très convaincant Swann Arlaud. Entre son couple bancal et sa vie de famille meurtrie par un drame quelques années auparavant, toute la vie de cette romancière qui mélange parfois la fiction et la réalité, est alors disséquée face à une cour hostile. Cette dernière étant également composée de son fils, un personnage complexe lui aussi, et nous, les spectateurs sceptiques.
"Regarder comment les gens vivent ensemble"
Sandra Hüller excelle dans ce rôle de femme sombre et acculée, confuse et touchante. Justine Triet, la réalisatrice palmée, a d'ailleurs taillé ce rôle en fonction de l'actrice allemande. "J'ai vraiment écrit en pensant à elle, j'ai pensé à sa voix, à sa manière d'être, etc", explique-t-elle. "L'idée, en tout cas, était vraiment de rentrer dans le cerveau d'une femme qui a vécu une histoire d'amour et dont on ne sait pas, évidemment, si elle a tué ou pas son mari, mais aussi de pouvoir regarder comment les gens vivent ensemble."
Ce thriller accorde ainsi une grande importance à l'atmosphère du lieu, le chalet d'où le mari a chuté. Cette bâtisse perdue au milieu des montagnes permet un huis clos, où les disputes conjugales explosent rapidement, étouffées par la neige du dehors. À travers des scènes de ménage criantes de vérité, Justine Triet nous offre donc l'anatomie d'un mariage et quelques longueurs.