Il était l'un des plus grand du monde de l'art français contemporain. De par sa taille, 1 mètre 90, mais aussi de par sa carrière. Pierre Soulages est mort ce mercredi à l'âge de 102 ans, a annoncé son entourage. Toujours vêtu de noir, Pierre Soulages n'a jamais coupé les ponts avec son Aveyron natal au cours de sa carrière, largement dominé par ses tableaux peints en noir. Lors de l'inauguration du musée à son nom à Rodez, le 30 mai 2014, il expliquait au micro d'Europe 1 son goût prononcé pour le noir.
Jeu de lumière
Car depuis tout petit, Pierre Soulages entretient une relation presque privilégiée avec le noir. "Le noir a toujours été avec moi. La preuve, quand j'étais enfant, je préférais l'encirer aux couleurs", racontait le peintre au micro d'Europe 1. Comme lorsqu'il dessinait de grands traits noirs sur du papier blanc : "C'est un paysage de neige que je dessine", explique-t-il alors à une amie, interloquée face à sa feuille. "Ce que je faisais était effectivement un paysage de neige. Le blanc du papier s'illuminait comme la neige grâce aux traits noirs que j'y peignais", précise Pierre Soulages.
Faire ressortir la lumière grâce au noir, c'était la mission que s'était confié le peintre français. "Il suffit de mettre du noir sur une couleur sombre et brusquement, la couleur sombre s'éclaire", assurait-il au micro d'Europe 1 à Rodez. "Ce n'est plus du noir, c'est le reflet de la lumière sur le noir" que nous voyons, précise Pierre Soulages, pour raconter ses tableaux. "C'est d'ailleurs pour ça que j'ai créé le mot 'outrenoir', parce que c'est ce qu'il se passe en nous devant ce phénomène".
"C'est un paysage"
Un jeu de lumière, remarqué et remarquable de tous, aux 1.001 variations de noir, qui fascine à l'époque, le tout nouveau directeur du musée Soulages, Benoît Decron. "Ce panneau-là par exemple, si vous le regardez en face, vous allez avoir une lumière particulière sur le centre de la toile. En réalité, c'est un paysage, c'est-à-dire que si vous circulez devant le tableau, vous allez voir la lumière glisser et vous verrez tous les effets de lumière".
"C'est une fête pour les yeux, les œuvres de Soulages", concluait le patron du musée lors de l'ouverture. Une fête qui continue sans Pierre Soulages, mais qui n'aura plus la même saveur.