Le dessinateur Albert Uderzo, célèbre pour avoir inventé les personnages d'Astérix et Obélix avec René Goscinny, est décédé mardi à l'âge de 92 ans. Le dessinateur est mort d'une crise cardiaque, dans son sommeil, sans rapport avec l'épidémie de coronavirus en cours, a-t-on appris de son entourage. En 2014, il revenait au micro d'Europe 1 sur le succès d'Astérix et Obélix, la bande dessinée européenne la plus vendue et la plus traduite dans le monde, avec aujourd'hui 380 millions d'albums traduits dans 111 langues et dialectes. Et il en profitait pour comparer le caractère des "irréductibles Gaulois" avec les Français d'aujourd'hui...
Pour Asterix, "on s'est inspirés des Français d'aujourd'hui"
"J'ai l'impression que les Français ressemblent de mieux en mieux à nos personnages. Les Gaulois, on ne les voyait qu'à travers Vercingétorix et ce qu'on avait appris dans les manuels scolaires de l'époque, c'est-à-dire pas grand chose. Comme notre idée n’était pas de faire des vrais Gaulois, on s'est inspirés des Français d'aujourd'hui. On peut retrouver les mêmes façons de voir les choses, de s'enguirlander entre eux, et de se congratuler après !", développait-il au micro de Thomas Sotto, animateur d'Europe 1 à l'époque.
Et si un politique de 2014 avait dû être l'un de ses personnages, "François Hollande serait Astérix", avait réfléchi Albert Uderzo. "Un garçon qui n'attache pas une grande importance à ce qu'on dit de lui et continue son petit chemin. C'est un caractère très 'astérixien' si j'ose dire."
Cinq choses que vous ne savez peut-être pas sur Albert Uderzo
Le dessinateur avait à l'époque arrêté de dessiner depuis cinq ans, sa main ne le lui permettant plus, et confiait être sorti de sa retraite pour faire plaisir à son petit-fils. "Je me suis mis au dessin, avec un peu de mal, et j'ai réussi à faire des Astérix et Obélix. J'ai repris le coup de main", souriait-il, tout en rappelant qu'il n'avait pas l'intention de rempiler pour un nouvel album. Depuis 2013, c'est Didier Conrad qui est le dessinateur officiel de la série Astérix.
"C'était le plus beau compliment qu'on pouvait me faire"
Albert Uderzo était aussi revenu sur les critiques qui ont pu lui être adressées. "Le dernier album, pourtant vendu à 2,5 million d'exemplaires, a eu des critiques épouvantables ! Moi je veux bien, mais quand on sort 2,5 millions d'albums, on devrait avoir un peu de respect".
"Maintenant vu mon âge, ça ne me gêne plus du tout", ajoutait-il, "mais c'est ce que j'ai constaté depuis la mort de mon ami René [Goscinny, NDLR]. J'ai eu beaucoup de mal à sortir de terre". Il confiait à l'époque avoir pu être blessé par ces critiques. "C'est typiquement français. Ça m'a fait souffrir, mais maintenant ça ne me gêne plus."
Avec ironie, il assurait d'ailleurs que la meilleure critique qui lui avait été faite, était en réalité une pique d'un journaliste. "C'était pour le premier album que j'ai sorti après lui, Le Grand fossé. Un critique a écrit : 'c'est certainement un album qu'a écrit René Goscinny avant de mourir'. C'était le plus beau compliment qu'on pouvait me faire".