"Au revoir, là-haut", fresque exubérante et baroque de la Première guerre mondiale, librement adaptée par Albert Dupontel du roman de Pierre Lemaitre, prix Goncourt 2013, a été présenté mardi en avant première au festival du Film Francophone d'Angoulême.
Un jeu autour des masques. Le film, longuement applaudi par les spectateurs, retrace l'histoire de deux rescapés des tranchées, l'un dessinateur de génie, l'autre modeste comptable. Les deux hommes décident de monter une arnaque aux monuments aux morts dans la France des Années folles. Un film très fort, agrémenté de tout un jeu autour des masques, car l'un des deux personnages principaux, Édouard Péricourt, fils d'un puissant banquier, a eu le bas du visage complètement arraché par un éclat d'obus juste avant la fin de la guerre. Pour s'exprimer et se faire comprendre de son comparse, Albert Maillard, joué par Albert Dupontel, il va fabriquer des masques plus ou moins excentriques et les plaquer sur son visage au gré de ses humeurs. Le résultat est visuellement poétique.
Un film politique. Mais le film d'Albert Dupontel est également un film politique. "C'est un prisme très personnel, très intérieur. J'ai lu un pamphlet déguisé contre le monde actuel", explique le réalisateur au sujet du roman. "Quand j'ai rencontré Pierre Lemaitre je lui ai présenté ma vision. J'ai dit : 'Les Péricourt sont des grands capitalistes au point de négliger leurs propres familles'. Il était tout à fait d'accord", assure-t-il. "Les films sont une façon bénigne et pacifique de protester contre un monde qui nous fait du mal", ajoute Albert Dupontel.
Le film, grand public, réserve enfin des moments caustiques, drôles parfois, malgré cette ambiance de gueules cassées. La sortie en salles est prévue le 25 octobre.