Autant dire que le dernier film du réalisateur de Fight Club était très attendu. Non pas dans les salles de cinéma mais bien sur Netflix avec qui David Fincher collabore depuis le lancement de la série mondialement connue House of Cards dont il réalise les premiers épisodes en 2013. Un partenariat qui lui garantit une liberté artistique totale et un budget plutôt confortable.
Son dernier film en date pour la plateforme : Mank sortit en 2020, chronique hollywoodienne en noir et blanc qui dévoilait l’envers de cette industrie du rêve aussi tragique qu’impitoyable. Cette fois le réalisateur de 61 ans revient à ce qu’il sait faire de mieux. The Killer est un thriller radical, réglé comme une horloge et qui trouve son origine du côté d’un roman graphique français…
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L’adaptation d’une bande dessinée française
Recommandée par l’une de ses amies, la bande dessinée intitulée Le Tueur signée par les frenchies Matz et Luc Jacamon semble taillée sur mesure pour David Fincher. "Elle m’a dit qu’il y avait beaucoup de cadavres et un côté un peu pervers. Cela allait forcément m’intéresser", s’amuse le cinéaste de passage à Paris. Le film reprend le côté sombre, très graphique et sanglant de la BD. On y suit l’histoire d’un assassin qui tente de se venger de ses employeurs après un contrat qui tourne mal. De la France aux Etats-Unis en passant par les Caraïbes, le film aborde aussi bien la psychologie d’un assassin, son quotidien que la mondialisation du crime.
Michael Fassbender glaçant en tueur méthodique
Après 4 ans d’absence des écrans, l’acteur Michael Fassbender impressionne en tueur solitaire et totalement impersonnel (il n’a pas de nom). Une prestation très physique où le spectateur suit son parcours meurtrier et ses pensées racontées en voix-off avec (souvent) une touche d’humour noir. Un monologue intérieur qui plonge aussi le spectateur dans un bain d’incertitude. "Il fallait une subjectivité poussée à l’extrême. On rentre dans l’œil du personnage et on partage sa conscience", explique David Fincher. "Toute la question c’est de savoir si c’est la vérité ?", interroge-t-il "car beaucoup de gens se mentent à eux-mêmes".
© Netflix
Une musique très pop-rock
Si chacun des films de David Fincher porte une attention bien particulière à la bande originale, The Killer ne fait pas exception. En plus de son compositeur habituel Trent Reznor, il choisit cette fois de piocher dans les morceaux du groupe de rock anglais The Smiths. Le film se divise en autant de chapitres que les titres d’une playlist qui rythment le quotidien du tueur. Ecouteurs dans les oreilles et doigt sur la détente, Michael Fassbender observe sa cible, le morceau "How Soon Is Now ?" à fond dans les oreilles.
Une source de concentration avant chaque passage à l’acte mais aussi de mise à distance de ce qui va suivre. "J’avais envie d’utiliser ce morceau comme une sorte de musique méditative pour le personnage. C’est une œuvre sardonique et pleine d’esprit", confie le réalisateur. Une chose est sûre vous n’avez pas fini de l’écouter en boucle après avoir vu le film.
© Netflix
Une série B à la sauce Fincher
D’une course poursuite dans les rues de Paris la nuit à une scène de filature ou de règlement de comptes, The Killer reprend tous les codes visuels de la série B mais les détournent à la sauce Fincher. Si le motif du tueur à gages est un genre à part entière au cinéma, déjà vu et revu, le cinéaste cherche plus à revisiter cet archétype plutôt qu’à le réinventer. Une relecture qui pose un regard assez ironique sur la société moderne où les outils technologiques facilitent la surveillance de masse.
Montre connectée, caméras de surveillance, outils et gadgets achetés sur Amazon. Durant tout le film le tueur évolue comme un poisson dans l’eau dans un monde ubérisé qui ressemble beaucoup au nôtre. Si le personnage de Michael Fassbender répète constamment qu’il faut "respecter le plan", gage d’efficacité dans son travail, c’est surtout David Fincher qui parle à travers lui. Avec The Killer il ne rate pas sa cible.
The Killer disponible sur Netflix le 10 novembre 2023.