Dans un contexte sanitaire toujours aussi tendu, l'édition 2021 des Victoires de la musique, vendredi soir, s'annonce particulière. La mise entre parenthèses, depuis pratiquement un an, du spectacle vivant aura ses conséquences sur la cérémonie, puisque les catégories "révélation scène" et "meilleur concert" ont été supprimées. La soirée pourrait également être l'occasion de messages directement adressés par les artistes au gouvernement, qui s'est vu reprocher un manque d'intérêt pour un monde de la culture frappé de plein fouet par une crise inédite. "J'imagine qu'il y aura des messages pour le gouvernement. Vous savez, ça fait partie d'un grand happening télévisuel dont je ne suis pas forcément friand", a confié vendredi, au micro d'Europe Matin, Benjamin Biolay, l'un des favoris de la soirée.
"Je trouve que notre ministre de tutelle est un peu absente"
Le chanteur, sensiblement agacé par la manière dont les artistes ont pu être traités ces derniers mois, n'a cependant pas hésité à interpeller la ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, avec laquelle il se dit prêt à débattre sur Europe 1. "Je suis tout particulièrement favorable à un débat avec madame Bachelot, puisque c'est la ministre de la Culture", a-t-il déclaré. "Alors, oui, une antenne un peu ouverte, où l'on puisse se parler", ajoute-t-il. "Comme si on travaillait, comme une réunion technique mais médiatisée. Ce serait bien."
Benjamin Biolay avoue notamment avoir peu apprécié la réponse faite par la ministre à l'acteur Pierre Niney quant à la fermeture des cinémas. "Je trouve que notre ministre de tutelle est un peu absente, sauf pour nous rabrouer quand on dit des bêtises", explique-t-il. "On est tout à fait conscient qu'il y a une pandémie, que c'est catastrophique, qu'il y a 80.000 morts, comme elle l'a rappelé à Pierre Niney. Ce n'était pas l'objet de la démarche de Pierre Niney d'être rabroué. Il expliquait la vie de tous les artistes et de tous les gens qui aiment la culture. Ça fait cent jours, un peu plus, que l'on est au pain sec, ce n'est pas rien. Ça ne mérite pas d'être repris de volée comme ça, à base de chiffres", s'agace le chanteur.
"Les adjectifs comme 'essentiels', 'substituables' ne me plaisent pas beaucoup"
Autre sujet que Benjamin Biolay ne manquera pas d'évoquer avec la ministre, si celle-ci accepte de lui répondre : la polémique autour des produits essentiels et non essentiels lors du second confinement. "Je reste un peu interdit, encore un peu stupéfait de tout ce qui se passe et de la façon dont les acteurs du monde culturel ont été traités dans leur grande majorité", pointe-t-il. "Les adjectifs comme 'essentiels', 'substituables' sont des choses qui ne me plaisent pas beaucoup", conclut l'auteur-compositeur.