À l'occasion de l'ouverture du festival CANNESERIES, dont Europe 1 est partenaire, la rédaction consacre son vendredi thématique aux séries qui se sont imposées en quelques années comme des poids lourds dans les codes de l'économie de l'attention. Une série, comment ça s'écrit ? Comment ça se produit ? Est-ce différent du cinéma ? Est-ce aussi rentable ? Pour l'occasion, Europe 1 Matin a reçu Aimée Buidine et Julien Madon, les deux producteurs de la nouvelle série Canal+ B.R.I, qui sera présentée à CANNESERIES.
Producteur, un accompagnateur
Mais pour commencer, en quoi consiste le métier de producteur ? Souvent, celui-ci est associé au carnet de chèque et pourtant, "c'est plus compliqué que ça", admet Aimée Buidine. "C'est surtout un accompagnement. En réalité, quand on est producteur, on est à l'origine des projets. Il y a souvent un talent, un scénariste ou un réalisateur, qui a une envie et qui nous la propose. Et je pense que notre métier, c'est vraiment de l'accompagner pendant plusieurs années pour faire en sorte que ce projet voit le jour", souligne-t-elle au micro de Dimitri Pavlenko. La productrice reconnaît donc qu'il y a une dimension financière avec l'argent nécessaire pour le financement des projets. Mais le métier de producteur représente aussi une dimension créative et de gestion.
Pour Julien Madon, le producteur a bien ce rôle "d'accompagnement" du scénariste ou du réalisateur jusqu'à la livraison des épisodes, dans le cas d'une série. "En revanche, on n'intervient pas à leur place. On est là en sparring-partner, à échanger, à essayer de garder le projet sur les rails et notamment à conserver son intégrité originelle. Ce que voulait faire l'auteur ou le réalisateur quand ils sont venus nous voir", souligne le producteur de "L'Affaire SK1".
Se glisser dans la ligne éditoriale du diffuseur
Alors que Julien Madon a été le producteur de plusieurs films, comme "Braqueurs", une question se pose : travaille-t-il de la même manière pour une série ? "Non, c'est très différent. On travaille en amont avec un diffuseur, en l'occurrence Canal+. Du coup, on essaye de se glisser dans la ligne éditoriale, entre guillemet, du diffuseur. Il a son mot à dire et c'est un travail collaboratif très jouissif", affirme-t-il au micro d'Europe 1. En revanche, le diffuseur ne peut pas décider de changer la fin d'une série. "Ils sont très respectueux du projet. C'est plutôt au départ, on se met d'accord sur le projet. Ensuite, avec le réalisateur, le diffuseur et les producteurs, on essaye de mener cette envie de départ jusqu'à la fin en gardant justement l'intégrité du projet", souligne Julien Madon.
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Le producteur reconnaît tout de même avoir de la chance avec Canal+ qui possède un très bon savoir-faire. "On est des jeunes producteurs de séries, on vient plutôt du cinéma donc on apprend beaucoup au contact des diffuseurs. En l'occurrence, avec Canal+, on a énormément appris à développer une série", se félicite Julien Madon. Concernant l'écriture d'une série, comment se déroule-t-elle ? "Cela se fait au fur et à mesure. On commence par des documents qui ne sont pas des épisodes, mais plutôt qui résument la série. Puis ensuite, on va décliner épisode par épisode. Mais en général, le créateur, dans sa tête, a déjà quasiment tout. C'est ça qui est assez impressionnant", affirme le producteur.
Un ADN de polars
Concrètement, quelle est l'idée derrière B.R.I ? La Brigade Recherche Interprétation, moins connue que d'autres services de police, a mené l'assaut au Bataclan en 2015. Par ailleurs, le premier épisode de cette nouvelle série Canal+ démarre sur cet assaut. "Je pense que l'idée avec B.R.I est de se plonger dans cette unité d'élite qu'on connaît peu et qui est justement UNE unité d'élite. Elle est donc assez extraordinaire et a la spécificité de faire à la fois de l'enquête, donc de la recherche, et de l'intervention", assure Aimée Buidine. Depuis quelques temps, il y a un ADN de polars important chez les Français avec les séries comme "Engrenages" ou "Le Bureau des légendes". Celles-ci ont marqué les téléspectateurs pendant plusieurs années. "C'est vrai que B.R.I, je l'espère, s'inscrit dans ceci", souhaite la productrice.
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En temps normal, les séries annoncent une nouvelle saison après le succès de la première. Pour B.R.I, "on pense bien évidemment très fortement à une saison deux", avoue Julien Madon. "Ce qui est intéressant, c'est que Jérémie Guez, le scénariste, avait déjà, dans sa tête, l'intrigue de la saison deux avant même qu'on commence à tourner la première", se réjouit-il. Il ne reste plus qu'à rentrer au cœur de cette brigade pendant huit épisodes, voire plus à en croire le producteur.