"Dans les chansons des Rita Mitsouko, il y a les chansons de jour et les chansons de nuit". Depuis la scène des Vieilles Charrues, et devant un public frénétique, Catherine Ringer entame une explication de la musique qu'elle a créée pendant plusieurs décennies avec Fred Chicin. Quelques minutes après la fin du concert, elle retrouve en loge Emilie Mazoyer à qui elle précise comment sont nés les tubes des Rita Mitsoukou.
"Ding dang dong est une chanson de petits matins"
"La différence entre chanson du jour et la chanson de nuit, elle se fait déjà au niveau de la compo", assure-t-elle. "Quand on trouve des chansons la nuit, c'est que l'on est parti dans des univers loin. Tout le monde dort, et vous, vous êtes éveillés et comme dans une bulle. Mais c'est aussi les paroles qui font que cela devient une chanson de jour ou une chanson de nuit."
L'un des titres les plus connus du duo échappe d'ailleurs à sa dichotomie jour/nuit. "Ding dang dong est une chanson de petits matins", explique Catherine Ringer. "J'aime bien aussi les aubes, quand juste le jour commence, que tout est contraste et tout se mélange."
"Il y a eu des moments euphoriques et des moments très durs"
Chanson d'aube, de plein jour ou de nuit, la musique de Rita Mitsouko est toujours née de la symbiose entre Catherine Ringer et Fred Chichin. "Un des deux amenait ce qu'on appelle un 'low riff' de base, ou une suite d'accords qui tue, ou le riff à la guitare, ou la mélodie, ou le rythme de batterie, etc", se souvient-elle, fustigeant le cliché de l'homme qui écrit la musique et la femme les paroles. "Parfois, l'un écrivait un couplet et l'autre le refrain ou le passage qui emmenait le morceau ailleurs, pour ne pas le rendre trop statique."
"Nous avions plein de façons de faire, avec parfois aussi des moments très durs, comme dans toutes les associations humaines au long cours", poursuit-elle. "Il y avait des moments euphoriques et des moments où c'était plutôt tendu et dramatique. Mais on s'entraidait toujours."
Des paroles nées dans l'urgence
Ce fut le cas lors de l'enregistrement de leur album Cool Frénésie, sorti en 2000. "On avait fait toute la musique, il ne manquait plus que les paroles d'un morceau. C'était vraiment de la dernière minute, il y avait de la tension parce qu'il fallait absolument que ça sorte et que l'on termine l'enregistrement", raconte Catherine Ringer. "J'étais prise d'une envie de dormir et de fuir. Tout le monde attendait, il fallait écrire à ce moment-là, trouver les paroles. Et j'étais fatiguée d'être fatiguée."
"Ecris ça !", lui rétorque alors Fred Chicin. "Ecris ce truc-là, que tu es fatiguée d'être fatiguée." C'est ce que fait alors Catherine Ringer. "Et ça a donné la chanson Fatigué d'être fatigué", dévoile-t-elle. "On s'aidait toujours comme ça. Et l'équipe très diverse que l'on a sur scène dans cette tournée sert bien ce travail-là."