Période de rentrée littéraire oblige, les libraires ont reçu une avalanche de romans. Parmi les centaines de nouveaux titres, ils ont extrait leurs pépites. Cette semaine, Anne-Sophie Rouveloux de la librairie "Chroniques" à Cachan dans le Val-de-Marne et Christophe Daniel, de la librairie "La 25e heure" à Paris, ont dévoilé leurs choix, dans La voix est livre, animée par Nicolas Carreau, le samedi de 15h à 16h.
Belle merveille, de James Noël aux éditions Zulma
"On sent que James Noël est un poète parce que la langue est magnifique. Dans ce premier roman, il revient sur le séisme qui a frappé Haïti en 2010. Bien sûr c'est fort, mais ce qu'il faut dire d'abord, c'est que Belle merveille à Haïti, c'est une expression qui va désigner l'extraordinaire, mais autant dans le tragique que dans le merveilleux. Il y a une scène très représentative où une femme donne naissance sur un trottoir juste après le séisme alors qu'autour, des gens sont encore en train de mourir. Ce qu'il faut ajouter, c'est que James Noël fait preuve de beaucoup d'humour aussi, comme quand il parle de ce moment où toutes les ONG se précipitent pour proposer de l'aide sans parfois beaucoup de suite. Enfin, c'est aussi un roman d'amour parce que le deuxième séisme pour le narrateur, c'est sa rencontre avec Amore, une belle Italienne. Des passages sont enflammés, c'est magnifique. Je l'ai lu, j'y reviens." (Anne-Sophie Rouveloux).
Ce qu'on entend quand on écoute chanter les rivières, de Barney Norris, chez Seuil
"Ça se passe dans la cité de Salisbury, dans le sud de l'Angleterre. On va suivre les histoires de cinq personnages très attachants : Rita, une femme d'une cinquantaine d'années qui tient un stand de fleurs au marché et qui est un peu paumé ; Sam, un adolescent qui vit ses premières émotions amoureuses et qui apprend en même temps que son père est gravement malade ; George, un vieux monsieur qui vient tout juste de perdre sa femme et qui est complètement déboussolé ; Alison, une femme de soldat qui est pour la plupart du temps en mission ; Liam, un jeune homme qui revient de Londres, où il a fait des études assez peu satisfaisantes et qui est un peu à la recherche de lui-même. Ces cinq histoires vont s'entre-choquer à la suite d'un accident de voiture. Barney Norris vient du théâtre. Là, c'est son premier roman et c'est vraiment magnifique d'humanité avec une construction subtile." (Christophe Daniel).
Le peuple de bois, d'Emanuele Trevi aux éditions Actes Sud
"C'est un court roman d'un auteur italien. Un bijou de cynisme. Dès que je l'ai attaqué, j'avais le sourire aux lèvres. Ça raconte les aventures de deux personnages, l'un qu'on appelle le rat, qui est un ancien prêtre et son acolyte qu'on appelle le délinquant. Ce délinquant est directeur artistique d'une radio et il va proposer au rat d'enregistrer une émission. Le rat accepte et va délivrer des prêches enflammées aux auditeurs en leur disant que la condition humaine est nulle, qu'il faut qu'ils se libèrent de leurs chaînes. La particularité de ces prêches, c'est qu'à chaque fois, il utilise des exemples de Pinocchio. Le succès va éclater au visage du rat qui va être dépassé. Il va y avoir des débordements, des menaces, un peu de roman noir va se profiler. C'est génial et une critique de la pensée unique, de la machine médiatique." (Anne-Sophie Rouveloux).