"C'est chouette de voir tous ces témoignages, ces souvenirs. De voir comme on a pu, à un moment, toucher la vie d'une certaine frange de la population française." Vingt-cinq ans après la sortie de Boire, l'album qui l'a consacré et dont une version remasterisée est disponible cet automne, Miossec n'en revient toujours pas vraiment. Dimanche, le chanteur breton est parti En Balade avec Pascale Clark dans les rues de Brest, où tout a commencé - et continue.
"Je pensais qu'on resterait 'local'"
Au départ, il y a une cassette "auto-reverse" - dont on peut lire les deux côtés sans avoir la retourner manuellement. "Je voulais faire de la musique, pousser l'idée au bout", se souvient Miossec. "Je ne faisais plus que ça, je n'avais plus de métier, plus de chauffage. J'avais mis toute mon énergie là-dedans." Retourné vivre chez ses parents, il écrit les paroles des chansons de Boire - "Ce n'est pas de l'autofiction, tout n'est pas vrai", glisse-t-il. "Il y avait du bouche à oreille, la cassette se dupliquait un peu dans les cafés sur Brest, à droite à gauche. C'est quelque chose qui prenait, ici. Mais je pensais qu'on resterait 'local'."
Pour le Finistérien, cette cassette était "la dernière bouteille à la mer" pour une carrière musicale. Sans dimension "dramatique", assure-t-il. "Si ça ne marchait pas, ça n'était pas grave. J'avais travaillé dans l'océan Indien avant tout ça (comme journaliste, ndlr), je pouvais y retourner. (…) Ca n'aurait pas accroché, rien ne se serait passé."
"Le boulot fait sur Brest, dans ma chambre de gamin"
Oui mais voilà, il s'est passé quelque chose. "C'est J.D. Beauvallet (Jean-Daniel, alors rédacteur en chef des Inrockuptibles, ndlr) qui a mis la cassette en 'disque du mois'", dans le magazine, sourit Miossec. "C'était une grande surprise, de voir tout à coup le boulot qui était fait sur Brest, dans ma chambre de gamin, avec Guillaume Jouan (son guitariste, ndlr), se retrouver en disque du mois."
Avant ça, la renommée était existante, mais Finistérienne. "Le premier concert, c'était au Vauban, en première partie de Divine Comédie", se remémore-t-il, attablé dans le cabaret au côté de Pascale Clark. "Les premiers souvenirs dans la musique, généralement ça imprime. C'est comme toutes les grandes expériences qu'on fait dans la vie. (…) Il y avait une peur bleue, monstrueuse. Surtout ne pas le montrer, monter sur scène comme on passe à l'attaque."
"Faire mon métier sans la boisson, c'est un plaisir énorme"
Depuis, le Brestois a roulé sa bosse. "À l'époque, on était vraiment sur une autre planète", souffle-t-il avec le recul. "C'était une dérive, avec la boisson, dans les bars.. Qui s'accompagnait de musique. En fait, les deux était entremêlées." Le chanteur, qui a complètement arrêté de boire, évoque une "première vie". "C'est comme avec le Covid : c'est une sorte d'expérience qui est proposée. Est-ce qu'on la suit ou est-ce qu'on ne la suit pas ? Pouvoir faire mon métier de musique de musicien sans la boisson, c'est un plaisir énorme. Même si je n'aurais jamais pensé que c'était de l'ordre du possible."