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"Chauffe, Marcel, chauffe !" : l'accordéoniste de Jacques Brel, Marcel Azzola, est mort

Europe1 .fr avec AFP - Mis à jour le . 3 min
L'accordéoniste Marcel Azzola (à gauche) aux côtés de Roland Romanelli, le 1er janvier 2004, lors du traditionnel concert du Nouvel An de la salle Favart à Paris.
L'accordéoniste Marcel Azzola (à gauche) aux côtés de Roland Romanelli, le 1er janvier 2004, lors du traditionnel concert du Nouvel An de la salle Favart à Paris. © JACQUES DEMARTHON / AFP

L'accordéoniste Marcel Azzola, à qui Jacques Brel lançait en 1968 son fameux "Chauffe Marcel, chauffe" dans l'enregistrement de sa chanson Vesoul, est décédé lundi à l'âge de 91 ans. Il a accompagné les plus grands de la chanson française. 

"Chauffe, Marcel, chauffe !" Avec la mort de Marcel Azzola, à l'âge de 91 ans, disparaît un très grand "Monsieur" de l'accordéon, qui a donné en France un souffle nouveau à l'instrument en l'emmenant vers le jazz. "Son cœur a lâché" lundi matin, chez lui à Villennes-sur-Seine dans les Yvelines, a annoncé Lina Bossati, sa compagne de scène puis de cœur.

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Vesoul. Nombreux sont ceux qui connaissent sans le savoir ce génie de l'accordéon grâce aux musiques de films de Jacques Tati et à la chanson Vesoul de Jacques Brel . Marcel Azzola est entré de plain-pied dans la légende avec son chorus d'accordéon époustouflant sur ce titre, en 1968, et le fameux "Chauffe Marcel, chauffe !" que lui avait alors lancé, survolté, Jacques Brel pendant l'enregistrement. Outre ce morceau de bravoure, le musicien a aussi contribué à faire progresser l'accordéon d'un point de vue technique et lui a donné un souffle nouveau en "osant le jazz", selon l'expression de Philippe Krümm, responsable du magazine Accordéon Accordéonistes.

Ecoutez Vesoul de Jacques Brel, avec le fameux "Chauffe, Marcel, chauffe !" (à 1'36'') :

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Ses héritiers le vénèrent : "Il a toujours été un point de mire", affirme Richard Galliano . "Marcel, c'est une figure emblématique pour ma génération", estime Francis Varis. Son jeu tout en nuances, "dans lequel on ne trouvera jamais une trace de vulgarité" (dixit Francis Varis) et son phrasé "avec une dynamique très particulière, très bebop" (Richard Galliano) forçaient l'admiration.

Fréhel en radio-crochet. Né le 10 juillet 1927 dans le 20ème arrondissement de Paris, de parents immigrés italiens installés à Pantin, le petit "Marcello" a été sensibilisé très tôt à la musique. Après le violon, son père, maçon et musicien amateur, l'oriente vers l'accordéon. Attilio Bonhommi, son second professeur, lui a inoculé l'amour de cet instrument. Après son premier concours en 1937, il accompagne l'année suivante au débotté la chanteuse réaliste Fréhel lors d'un radio-crochet.

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Sa carrière est lancée. Depuis les années 1940, en se perfectionnant auprès de Médard Ferrero, "Il Professore", il a promené son piano à bretelles partout, de brasseries en dancings, de studios en Six Jours cycliste au Vel'd'Hiv, de tournées avec Yves Montand en aventures dans le jazz, de duos en grands orchestres. Sa culture classique, son habileté à déchiffrer, ont fait de lui dès la fin des années 40 un accordéoniste de studio très demandé. En 1949, il participe à l'enregistrement de "Sous le Ciel de Paris" d'Edith Piaf. Puis vinrent Gilbert Bécaud, Barbara, Boris Vian, Mouloudji, Juliette Gréco... Il a aussi côtoyé les rois du musette : Gus Viseur, et surtout Tony Murena. 

Inscription de l'accordéon au CNSM. Sa technique lui a aussi permis de se glisser avec aisance dans le monde du jazz, aux côtés de Stéphane Grappelli, Dany Doriz ou Toot Thielemans, et d'être un acteur du rapprochement entre jazz et musette dans les années 1980. Professeur à l'Ecole de musique d'Orsay pendant vingt ans, il a milité depuis les années 70, avec ses collègues Joe Rossi, Joss Baselli et André Astier, pour la reconnaissance de l'accordéon. Aboutissement de cet acharnement : l'inscription de cet instrument au CNSM (Conseil national supérieur de musique) de Paris en 2002.

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Ce musicien de grande classe se doublait d'un homme charmant, loué pour sa gentillesse et sa modestie. "Il a toujours eu du respect pour les gens", assure Philippe Krümm. Statufié au Musée Grévin de 1969 à 1981, proposé pour la Légion d'Honneur qu'il avait refusée, Marcel Azzola souffrait depuis très longtemps de la Maladie de Dupuytren à la main droite. Le mal s'étant accentué, son activité s'était singulièrement réduite ces dernières années. Il passait l'essentiel de son temps dans la gentilhommière de Villennes-sur-Seine qu'il partageait avec Lina Bossatti, pianiste et violoniste talentueuse.