Gros plan sur l'un des films chocs du dernier Festival de Cannes. Grand Prix du jury sur la Croisette, le film The zone of interest de Jonathan Glazer est l'adaptation d'un roman qui raconte le quotidien d'une famille vivant aux abords des camps d'Auschwitz. Glaçant et tourné en allemand, ce film est à vivre comme une expérience cinématographique.
Une réalisation puissante et humble
Depuis le dernier Festival de Cannes, ce film était très attendu. Troublant, terrifiant et à la bande son déroutante, ce film a réussi l'exploit de décrire l'horreur d'Auschwitz sans jamais montrer l'intérieur des camps. On reste cloué dans son fauteuil, sidéré, lorsque l'on apprend que l'on va suivre la vie de famille du commandant d'Auschwitz. Une vie de famille paradoxalement paisible dans cette maison au jardin luxuriant.
Une villa avec, en arrière plan, le camp. Le sort terrible des juifs est seulement suggéré par cette fumée noire qui s'échappe des cheminées, par des tirs ou par les affaires des détenus récupérées par la famille comme des manteaux de fourrure. Cette zone d'intérêt, le titre du film, était l'expression utilisée par les nazis pour décrire les alentours du camp d'Auschwitz. Et, pour le coup, on y est. Le film a d'ailleurs été tourné là-bas, juste à côté du camp. Un souhait du réalisateur qui y tenait.
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"Moi, je voulais tourner en Pologne puisque l'histoire est dans ce pays. Nous avons essayé de tourner ailleurs en Pologne, mais non, on a toujours été poussés à revenir vers Auschwitz", raconte-t-il au micro d'Europe 1. Au casting, l'actrice allemande Sandra Hüller, qui joue aussi dans Anatomie d'une chute. Une magistrale mère de famille sans aucune émotion face à la tragédie qui se joue juste derrière le mur de son jardin. Cette réalisation est puissante et humble, sans sensationnalisme, qui a raté la Palme d'or de peu. À ne surtout pas manquer.