René Angélil est mort jeudi à l'âge de 73 ans après un très long combat contre le cancer. Producteur qui avait du nez, il avait lancé la carrière de Céline Dion pour en faire la star que l'on connaît. Mais ce Montréalais d'origine syrienne et libanaise avait aussi d'autres lames à son couteau. Découverte.
Il était aussi… chanteur et acteur. Avant de lancer des talents inconnus, René a lui aussi tâté du micro. Dans les années 1960, il poussait la chansonette au sein du trio Les Baronets, rappelle Radio Canada. Le groupe, qui reprenait notamment les tubes des Beatles en français, disparaît en 1972 après avoir rencontré un certain succès au Québec. Sur la vidéo, ci-dessous, René Angelil apparaît sur la gauche, en crooner sage et gominé.
Cette notoriété dans la musique le pousse à jouer aux acteurs. Dans les années 1970, il apparaît dans les comédies Après ski et L'apparition.
Rencontrer Céline Dion n'a tenu qu'à un (coup de) fil. Après cette courte carrière cinématographique, René Angélil se lance dans la production. Mais la rencontre du petit prodige de 12 ans qu'était alors Céline Dion n'a pas été une évidence. C'est ce qu'a raconté René Angélil lors d'une interview donnée à Europe 1 en 2010 : "je reçois une cassette, mais il y avait à ce moment-là au Québec une petite fille de 12 ans qui avait beaucoup de succès. Je me disais que le public ne pouvait pas accepter deux enfants comme ça, donc je n'ai même pas écouté".
C'est alors un des frères de Céline qui relance le producteur en lui passant un coup de téléphone : "il m'a dit 'on sait que vous ne l'avez pas écoutée, parce que vous nous auriez rappelés tout de suite'. J'ai donc écouté la cassette en question et j'ai été étonné, renversé". C'était en 1981, Céline avait 12 ans, René 38 ans. Une différence d'âge qui n'empêche pas le Pygmalion et sa Galatée de tomber amoureux et de se marier en 1994, au cours d'une cérémonie digne d'un couple princier.
Il l'a convaincu de chanter Titanic. Un film phare, une chanson au succès immense avec 15 millions d'exemplaires vendus dans le monde… et pourtant Céline Dion a toujours dit qu'elle n'aimait pas particulièrement le tube My Heart will go on, présent sur la BO de Titanic. "Je ne voulais pas l'enregistrer. Heureusement que je ne décide pas de toute ma carrière toute seule", avait reconnu Céline Dion. Car, en réalité, c'est grâce au flair de René Angélil que la chanteuse québécoise a accepté de faire un premier essai avant d'enregistrer la chanson en 1997. A la clef, l'Oscar de la meilleure chanson originale l'année d'après.
Il a aussi lancé Garou. A la nouvelle de la mort du célèbre imprésario, un autre artiste québécois, Garou, a réagi sur son comte Twitter qualifiant René Angélil comme étant son "patron".
Même quand on sait que ça va arriver ça fait beaucoup de peine. Merci René pour ces Grands moments. Tu es rare, tu restes encore Mon Patron!
— Garou_officiel (@Garou_officiel) 14 Janvier 2016
C'est en effet René Angélil qui a produit les premiers albums en solo de Garou. Révélé par Luc Plamondon qui lui confie le rôle de Quasimodo dans la comédie musicale Notre Dame de Paris, le chanteur originaire de Sherbrooke au Québéc décide ensuite de voler de ses propres ailes. De 2000 à 2008, avec l'aide d'Angélil, il met au monde quatre albums, Seul, Reviens, Garou et Piece of my soul. Et dans le premier opus, René Angélil avait même eu l'idée d'associer ces deux génies, Garou y chantait en duo avec Céline Dion Sous le vent.
Il avait anticipé sa mort. Frappé d'un premier cancer en 1999 puis guéri, René Angélil avait rechuté en 2013. Une opération et une ablation de la tumeur n'avaient malheureusement pas mis fin à la maladie. Il avait alors décidé en 2014 de déléguer son travail de manager à un de ses proches collaborateurs Aldo Giampaolo… tout en conservant en partie le coaching de Céline. La chanteuse qui se produit régulièrement à Las Vegas avait alors rapporté que malgré les coups du sort, son mari lui répétait : "Céline, tu dois continuer. Quoi qu'il arrive, même si je ne suis plus là, tu dois continuer". Une manière aussi de préparer l'avenir… sans lui.