Le grand rendez-vous annuel du cinéma : la 94e cérémonie des Oscars s'est déroulée dans la nuit du 27 et 28 mars à Los Angeles, aux États-Unis. Une soirée marquée par des moments forts, avec un appel à l'aide sobre pour l'Ukraine, quelques anniversaires, et un incident entre l'humoriste Chris Rock et l'acteur Will Smith, avant que ce dernier ne s'excuse pendant son discours après avoir remporté sa première statuette de meilleur acteur. Voici ce qu'il faut retenir de la 94e cérémonie.
La colère de Will Smith
La cérémonie se déroulait parfaitement, jusqu'à ce que l'humoriste Chris Rock monte sur scène pour remettre l'Oscar du meilleur documentaire. Il lance une ou deux blagues, puis une plaisanterie sur le crâne rasé de Jada Pinkett Smith, l'épouse de Will Smith, qui est atteinte d'alopécie, une chute importante des cheveux. Soudain, Will Smith, qui a incarné Mohamed Ali dans sa carrière, monte sur scène et lui décroche une gifle. "Ne prononce pas le nom de ma femme avec ta putain de bouche !", lance-t-il même une fois rassit, mais la chaîne ABC a eu le temps de couper le son.
"L'amour vous fait faire des choses folles", s'est excusé l'acteur, en larmes, en recevant l'Oscar du meilleur acteur pour La méthode Williams. "J'ai raté quelque chose?", a ensuite lancé, faussement ingénue, l'humoriste Amy Schumer, l'une des présentatrices de la soirée, faisant rire toute la salle. Après la soirée, la police de Los Angeles a précisé que Chris Rock n'avait pas déposé plainte.
Qu'est ce qu'il s'est passé Entre Will Smith et Chris Rock là ? #Oscarspic.twitter.com/lYznPBZyd0
— CANAL+ (@canalplus) March 28, 2022
Un sobre appel à l'Ukraine
C'était l'une des questions qui se posait aux organisateurs : comment ne pas ignorer le drame de la guerre en Ukraine? Amy Schumer avait proposé que le président ukrainien Volodymyr Zelensky prenne la parole durant la soirée. Mais cela n'a pas eu lieu. Au milieu de la cérémonie, une sobre minute de silence a été demandée, pendant qu'étaient diffusés des messages appelant les téléspectateurs à participer à l'aide humanitaire. "Président Biden, ramenez à la maison Brittney Griner", la star du basket-ball américain détenue depuis plus d'un mois en Russie, a aussi lancé le producteur Ben Proudfoot en recevant l'Oscar du meilleur court documentaire pour The Queen of Basketball.
La soirée a peu versé dans la politique, malgré quelques traits d'ironie sur la place des femmes dans le cinéma lancés par Amy Schumer en ouverture. "Cette année, l'Académie a embauché trois femmes pour présenter la soirée, car c'est toujours moins cher qu'un homme", a-t-elle plaisanté, entourée de ses deux camarades de jeu, Regina Hall et Wanda Sykes.
Les principales récompenses :
- Meilleur film : Coda de Philippe Rousselet, Fabrice Gianfermi et Patrick Washberger
- Meilleure réalisation : Jane Campion (The Power of the Dog)
- Meilleure actrice : Jessica Chastain (Dans les yeux de Tammy Faye)
- Meilleur acteur : Will Smith (La méthode Williams)
- Meilleure actrice dans un second rôle : Ariana DeBose (West Side Story)
- Meilleur acteur dans un second rôle : Troy Kotsur (Coda)
- Meilleur scénario original : Belfast de Kenneth Branagh
- Meilleure musique de film : Dune (Hans Zimmer)
Le triomphe de "Coda", inspiré de "La famille Bélier"
Coda, film à petit budget sur la vie compliquée d'une famille sourde et de sa fille entendante, a reçu dimanche soir la récompense suprême des Oscars, déjouant les pronostics et faisant mordre la poussière à de nombreux poids lourds en compétition.
La victoire de ce film adapté du succès français La famille Bélier permet à Apple TV+ de devenir la première plateforme de streaming à l'emporter aux Oscars dans la catégorie phare du meilleur long-métrage. La réalisatrice Sian Heder a remporté l'Oscar du meilleur scénario adapté et l'acteur Troy Kotsur, sourd de naissance, le trophée du meilleur second rôle.
La musique au cœur de la cérémonie
Tout un symbole: ce sont les sœurs et stars américaines du tennis Serena et Venus Williams, au cœur du film La méthode Williams, qui ont introduit Beyoncé pour lancer la soirée. Puis, la méga star a interprété Be alive, la chanson du film, dans un décor 100% vert pomme, depuis des terrains de tennis à Compton, en banlieue de Los Angeles, la ville où les sœurs Williams s'entraînaient jeunes. À une semaine des Grammy Awards, la soirée a fait la part belle à la musique, entre Beyoncé, Billie Eilish, mais aussi Megan Thee Stallion, qui a enflammé la salle avec le tube viral d'Encanto, We don't talk about Bruno.
Et c'est une autre voix légendaire, celle de l'actrice et chanteuse Liza Minnelli, qui a conclu la soirée avec Lady Gaga pour remettre l'Oscar du meilleur film, récompense suprême, à Coda. Une séquence émouvante : diminuée et en chaise roulante, Minnelli, 76 ans, est apparue tout sourire : "Je suis si heureuse d'être là".
Une deuxième statuette pour "Anita" de "West Side Story"
Il y a soixante ans, la légendaire Rita Moreno remportait l'Oscar du meilleur second rôle féminin pour son incarnation de l'explosive Anita dans le film musical West Side Story. Chose rare, dimanche soir, Ariana DeBose a reçu l'Oscar dans la même catégorie pour le même rôle, dans le remake de Steven Spielberg.
L'actrice de 31 ans, originaire de Porto Rico comme Rita Moreno, a rendu hommage à sa prédécesseur, 90 ans, qui l'applaudissait dans la salle. "Votre Anita a ouvert la voie à des milliers d'Anita comme moi", a-t-elle salué, en référence au personnage d'immigrée portoricaine qu'elles ont toutes deux incarné.
James Bond a 60 ans, "Le Parrain" 50
La cérémonie a été l'occasion de souffler les bougies de quelques monuments du cinéma. D'abord les 60 ans du tout premier James Bond, Dr No, sorti en 1962. Et quoi de mieux comme cadeau qu'un Oscar ? C'est Billie Eilish qui s'en est chargée, en raflant la statuette de la meilleure chanson pour un film, No time to die. Cheveux noirs, robe noire, loin des mèches vertes de ses débuts ou de la blondeur platine à la Marylin Monroe arborée plus récemment, Billie Eilish venait d'interpréter le titre sur la scène d'Hollywood.
Un peu plus jeune, avec cinquante ans, Le Parrain, premier opus de la légendaire trilogie sur la mafia italo-américaine, a aussi été célébré, tout comme Les blancs ne savent pas sauter, tout juste trentenaire.