Pour rompre la monotonie de la pluie qui tombe et de l’automne qui s’installe, rien ne vaut un jeu vidéo haut en couleurs. Et ça tombe bien, c'est précisément le but de Concrete Genie, un jeu développé par le petit studio Pixelopus, en exclusivité pour la Playstation 4. Une aventure poétique et artistique autour de la peinture, de l'amitié, de l'environnement, qui fait chaud au cœur.
Grands monstres et petites brutes
On incarne Ash, un ado timide, bonnet vissé sur la tête et le nez plongé dans ses cahiers de dessin. Il habite Denska, un port de pêche à moitié abandonné depuis qu’une catastrophe écologique a pollué la ville, désormais engluée dans une espèce de matière noire nocive. Parmi les derniers habitants, une bande de petites terreurs fait la loi. Ash est leur souffre-douleur et le jour où ils tombent sur son cahier de dessins, ils s’en donnent à cœur joie.
Sous les moqueries des brutes, les dessins de Ash s’envolent dans le vent. Le garçon se lance à leur poursuite jusque dans un vieux phare, où il va faire une étonnante découverte. Luna, un des monstres qu’avait peint Ash dans son cahier, sorte de boule de fourrure bleu électrique aux grands yeux noirs, prend vie devant ses yeux. Capable de se déplacer sur les murs, Luna confie à son créateur un pinceau magique. Pinceau qui va nous servir à recouvrir la triste ville de Denska de peintures lumineuses. C'est parti pour l'aventure…
Idée de génies
Dans Concrete Genie, il ne s'agit pas de peindre pour peindre. Le but est de redonner à la ville de Denska son éclat passé tout en enquêtant sur la cause de la pollution. Pour cela, il va falloir commencer par rallumer toutes les lumières, en les peignant. Puis, il faudra libérer Denska de cette matière noire qui l’étouffe. Ça se fait en résolvant des puzzles pour accéder à différentes zones à peindre. Pour nous aider, on peut peindre sur les murs des génies (d'où l'astuce du titre : Concrete Genie peut se traduire à la fois par "génie de béton" ou "génie concret"). Ces créatures magiques sont capables de faire du feu, de conduire l’électricité ou de faire souffler le vent.
Grâce à eux, on progresse de rue en rue en couvrant les tags de peintures luminescentes féeriques. Les puzzles, qui consistent généralement à déverrouiller une porte, traverser un cours d'eau ou esquiver les brutes, nécessitent un peu de jugeote mais, globalement, le jeu est très facile. Un peu trop peut-être, mais ça le rend accessible même aux plus jeunes, c’est plus sympa. Et comme ça, on profite pleinement de la direction artistique très onirique.
J'aurais voulu être un artiste
On rassure les artistes du dimanche, pas besoin d'avoir un talent de dessinateur pour s'amuser sur Concrete Genie ! Non, en fait, les phases de peinture sont aussi très simples. Pour dessiner, on maintient une gâchette appuyée puis on bouge la manette, comme si c’était un pinceau. On choisit un élément de décor dans notre cahier, une fleur, un arbre, des étoiles, un arc-en-ciel… puis on effectue le mouvement correspondant. Parfois, il y a des figures imposées par les génies, mais sinon, on peut sortir son pinceau où l'on veut et quand on veut.
Mais Concrete Genie n’est pas un jeu de dessin. Il s’agit davantage de reproduire des motifs demandés que de créer des chefs-d’oeuvre en toute liberté. Certains trouveront donc que le jeu ne laisse pas assez de place à l’imagination. C’est vrai, mais ça le rend aussi accessible pour tout le monde, y compris les nuls en dessin. Et c’est très agréable se prendre pour un artiste. D’autant qu’on peut prendre ses peintures en photo dans le jeu pour les partager ensuite avec ses amis.
En filigrane, le mode solo aborde aussi certaines thématiques classiques de l'adolescence comme l'acceptation de soi, la valorisation de la différence ou la capacité à s'ouvrir aux aux autres pour comprendre leurs problèmes et non les juger. Rien de très original mais cela reste plaisant.
Seul regret, la durée de vie de Concrete Genie est un peu courte. Comptez sept ou huit heures pour terminer l’aventure. On est resté sur notre faim, comme un peintre à qui il reste de la peinture. Mais son format et son accessibilité en font un bon jeu intergénérationnel : un adulte pour gérer les phases de plateforme et un enfant pour dessiner sur les murs.
Notre avis :
Avec Concrete Genie, Sony confirme son savoir-faire en matière d'exclusivités. À mi-chemin entre le jeu indépendant et la production de studio, le dernier-né de Pixelopus offre une aventure artistique émouvante, visuellement séduisante et accessible dès le plus jeune âge. La quête d'Ash ainsi que sa relation avec les génies est attendrissante au point qu'on en redemande une fois le générique de fin arrivé. Pour son prix (40 euros), on aurait espéré que Concrete Genie soit un peu plus riche. Mais il compense par une jouabilité infinie en mode "bac à sable".