Le mouvement d'"occupation" des théâtres pour réclamer la réouverture des lieux culturels, fermés depuis fin octobre pour cause du Covid-19, commence à prendre de l'ampleur, avec une mobilisation dans trois théâtres nationaux. Jeudi a commencé l'occupation du Théâtre de l'Odéon à Paris, un mouvement qui s'est poursuivi mardi par une mobilisation au Théâtre de la Colline, dans l'est parisien, et au Théâtre national de Strasbourg (TNS). Il s'agit de trois des quatre théâtres nationaux (hors opéra et danse), le quatrième étant la Comédie-Française.
Mercredi, l'un des principaux lieux culturels de Nantes, le théâtre Graslin, était occupé depuis la mi-journée par une quarantaine d'artistes et techniciens qui réclament eux aussi la réouverture des lieux culturels.
"Occupons !"
"Pour nous, il s'agit d'un mouvement national. On a des retours des syndicats en région et ça commence à bouger, ils s'organisent", a affirmé à l'AFP Karine Huet, secrétaire générale adjointe du SNAM-CGT (Union Nationale des Syndicats d'Artistes Musiciens de France), qui fait partie des quelque 50 personnes qui se trouvaient à l'intérieur de l'Odéon mardi soir. Le mouvement a reçu le soutien du député LFI François Ruffin qui a fait le déplacement mardi à l'Odéon.
La ministre de la Culture s'était rendue samedi à l'Odéon et a promis de poursuivre les échanges, mais mardi, la CGT Spectacle a affirmé qu'elle poursuivait le mouvement. "Occupons ! Occupons ! Occupons !", a-t-elle appelé dans un communiqué où elle précise que cette mobilisation s'inscrit "dans le sillage de l'occupation des ronds-points", en référence au mouvement des "Gilets jaunes". Mercredi, devant les sénateurs, Roselyne Bachelot a estimé que l'occupation des théâtres n'était pas une solution, tout en réaffirmant sa volonté de protéger le monde du spectacle. Elle a indiqué qu'elle ne toucheraient pas aux droits des intermittents, sans préciser toutefois si l'année blanche serait reconduite au delà du mois d'août, comme ils le réclament.
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Un mouvement qui gagne les étudiants
Mardi, quelques dizaines d'étudiants d'art dramatique sont également entrés au Théâtre de la Colline, à Paris, brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire "Ouverture essentielle", "vie sans culture, droit dans le mur", "Bachelot si t'ouvres pas, on vient jouer chez toi". "Plusieurs dizaines d'étudiants manifestent à l'extérieur tandis que 30 étudiants ont été autorisés à entrer au théâtre", dirigé par le metteur en scène et dramaturge Wajdi Mouawad, qui se trouvait en répétition, a indiqué une source du théâtre à l'AFP.
Selon la source, il s'agit d'étudiants du Conservatoire national Supérieur d'Art Dramatique (CNSAD), de l'École supérieure d'art dramatique (Esad) et de l'École du studio théâtre d'Asnières, un conservatoire à rayonnement régional de Paris. Se sont également associés au mouvement 51 élèves en scénographie-costumes, jeu, mise en scène, dramaturgie et régie-création, qui ont décidé de s'installer 24 heures sur 24 heures dans les locaux du Théâtre National de Strasbourg, "jusqu'à une réponse concrète de l'État".
Il s'agit pour eux d'un "acte de mobilisation (qui) a pour objectif d'interpeller les pouvoirs publics sur la gravité de nos situations et d'améliorer les droits des intermittent.e.s touché.e.s par la crise sanitaire", ont-ils affirmé dans un communiqué. Ils ont également appelé "toutes les écoles nationales supérieures d'art dramatique de France et conservatoires à se joindre" au mouvement.
En plus de la réouverture des lieux culturels dans le respect des consignes sanitaires, les manifestants réclament entre autres une prolongation de l'année blanche pour les intermittents, son élargissement à tous les travailleurs précaires et saisonniers et des mesures d'urgence face à la précarité financière et psychologique des étudiants. Dans le même esprit, une trentaine d'intermittents du spectacle ont passé la nuit de lundi à mardi dans un théâtre de Pau, selon les manifestants et la mairie.