L'organisation qui attribue les prestigieux prix des Golden Globes, vivement critiquée par Hollywood pour le manque de diversité parmi ses membres, a adopté jeudi une série de réformes pour améliorer sa représentativité et tenter d'apaiser la polémique. L’Association de la presse étrangère d'Hollywood (HFPA en anglais) est un groupe d'environ 90 journalistes qui constituent le jury des Golden Globes, parmi les prix les plus convoités aux Etats-Unis derrière les Oscars. L'organisation est au cœur de la tourmente depuis que des médias ont révélé en février dernier qu'elle ne compte aucun membre noir en son sein.
"Manque de professionnalisme, corruption financière"
Dans la foulée, un groupe d'une centaine de publicistes de l'industrie du divertissement avait officiellement écrit à la HFPA, lui intimant de mettre un terme à "ses comportements discriminatoires, son manque de professionnalisme, ses manquements éthiques et aux accusations de corruption financière", des critiques déjà formulées par le mouvement Time's Up.
Jeudi, les membres de l'association ont majoritairement approuvé une série de mesures visant à remédier à la situation, parmi lesquelles une augmentation de leur effectif de 50% dans les 18 prochains mois, avec notamment le recrutement de journalistes noirs, ainsi que la réforme du système opaque et restrictif régissant les admissions.
"Le vote très majoritaire pour réformer l'Association réaffirme aujourd'hui notre détermination au changement", a déclaré dans un communiqué le président de la HFPA, Ali Sar. "Parce que nous comprenons l'urgence et l'enjeu de la transparence, nous mettrons continuellement à jour nos membres au fur et à mesure que nous progresserons pour rendre notre organisation plus inclusive et plus diverse", écrit-il.
"Nous comprenons que le travail difficile commence maintenant. Nous restons déterminés à devenir une meilleure organisation et un exemple de diversité, de transparence et de responsabilité", affirme Ali Sar.
Un membre de la HFPA qui a demandé à rester anonyme a dit à l'AFP que seul "un très petit nombre a dit non ou s'est abstenu, la majorité a dit oui" à ces réformes. "Je suis si soulagé. Nous devons changer, nous devons nous améliorer si nous voulons survivre", a ajouté ce membre.
Une organisation en perte de vitesse
Toujours prestigieux, mais en perte de vitesse ces dernières années, les Golden Globes avaient commencé à s'interroger sur leur avenir après des menaces de boycott qu'avaient suscitées les récentes controverses.
L'ancien président Philip Berk a été radié le mois dernier pour avoir fait circuler un email qualifiant Black Lives Matter de "mouvement de haine" et deux consultants engagés par la HFPA pour résoudre ses lacunes en matière de diversité ont démissionné, faute de voir la situation évoluer.
La plupart des membres de la HFPA sont des correspondants travaillant régulièrement pour des médias connus et respectés dans leur pays, comme le Figaro ou El Pais. Mais la réputation de ce très inhabituel jury a pâti par le passé de la présence d'une poignée de personnalités plus surprenantes, à l'activité journalistique aussi épisodique que confidentielle (un ancien culturiste russe ayant joué dans des films de série B, la veuve d'un acteur écrivant pour des médias tahitiens, etc).
Surtout, l'organisation a été à de multiples reprises critiquée pour le peu d'attention accordée aux artistes noirs ou issus de minorités, souvent snobés dans les palmarès des Golden Globes.