C’était "un petit pas pour l'homme, un grand pas pour l'Humanité". L'histoire de ces premières foulées sur la Lune, l'une des plus fabuleuses aventures humaines, n'avait pourtant encore jamais été portée à l'écran. Le cinéaste Damien Chazelle, né seize ans après l'exploit de Neil Armstrong en juillet 1969, a relevé le défi. Son nouveau film, First man : le premier homme sur le Lune, sort en salles le 17 octobre. Le réalisateur oscarisé en 2017 pour La La Land, était l'invité de l'émission C'est arrivé demain. Il fait partager la genèse de ce film, dont Europe 1 est partenaire, et explique comment il a abordé la personnalité du célèbre astronaute.
Tragédies. Plus encore que l'exploit spatial, c'est le cheminement vers l'exploit que raconte Damien Chazelle dans son long-métrage. "Je connaissais seulement la réussite, je ne connaissais pas tous les échecs, tous les obstacles. Je ne connaissais pas les morts, les tragédies qui appartenaient à cette histoire. Ce que j'ai découvert, c'est que la vie de Neil Armstrong était presque une vie tragique", explique le cinéaste.
D'entrée, le film frappe. Il commence avec la mort de la fille d'Armstrong, décédée "juste avant qu'il devienne astronaute à la Nasa". Armstrong perdra aussi des amis, trois de ses camarades seront brûlés vifs dans leur capsule. "L'histoire était pour moi celle de quelqu'un qui doit subir beaucoup afin d'atterrir pas seulement sur la Lune mais sur la Terre aussi, qui doit être un homme."
"Un cercueil ou une boîte de conserve". Ces obstacles à surmonter se retrouvent comme un fil rouge dans les films de Damien Chazelle. Il y a environ cinq ans, quand les producteurs le contactent pour ce qui deviendra First Man, le réalisateur vient de finir Whiplash, film sur un batteur de jazz. "Mais le sujet, pour moi, c'était la poursuite de quelque chose à grand prix, les sacrifices et les coups qui viennent avec. Pour moi, c'était un peu la même chose avec l'atterrissage sur la Lune."
Dans ce long-métrage, les épreuves sont également d'ordre physique. Le spectateur vit la préparation des astronautes. "C'était important pour moi de montrer à quel point c'était violent, difficile, ces missions. La première fois que j'ai vu une des navettes en vrai dans un musée aux Etats-Unis (...), c'est tout petit, c'est presque comme un cercueil ou une boîte de conserve. Je voulais que le spectateur ait l'impression d'être dedans. Et puis, on se lance dans l'espace à toute vitesse, c'est vraiment de la folie".
Et Damien Chazelle de souligner l'aspect incroyable de cet exploit : "Ce n'est pas seulement que des humains ont marché sur la Lune, c'est que des humains ont marché sur la Lune...il y a cinquante ans, c'est-à-dire avant les ordinateurs modernes, avant les portables, avant tout."
Pour mener à bien une transcription fidèle de l'histoire, le cinéaste est parti du livre First man : the life of Neil Armstrong de James Hansen, écrit à partir des confidences de l'astronaute. "Ensuite, j'ai rencontré un scénariste très doué, Josh Singer, qui a écrit Spotlight (film aux six Oscars dont celui du meilleur film et du meilleur scénario). On a commencé à travailler ensemble, puis j'ai tourné La La Land et ensuite on est revenu pour faire ce film", décrit-il. Damien Chazelle a aussi reçu l'aide de la famille de Neil Armstrong, ses fils Nick et Mark, et son épouse Janet, afin de cerner sa personnalité.
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"Entre le cosmique et le quotidien". Sous les traits de Ryan Gosling, l'astronaute se dessine comme quelqu'un de secret, renfermé, cérébral. Et depuis la lune, Damien Chazelle n'a pas perdu de vue l'évier de cuisine de la famille Armstrong ! "Il fallait trouver un équilibre entre le cosmique et le quotidien. Les deux étaient importants. Ces astronautes, après ou avant une mission dans l'espace, allaient quand même sortir la poubelle et faire la cuisine !", conclut le réalisateur qui travaille à nouveau sur le thème de la musique, pour une série Netflix qui sera tournée à Paris l'année prochaine.