Une chronique du grand âge, souriante et honnête. Dans son dernier ouvrage Mais la vie continue, publié chez Albin-Michel, l'ancien journaliste Bernard Pivot dresse le portrait d'Octo, son double littéraire, membre des JOP, les Jeunes octogénaires parisiens. Dans ce portrait amusé, il ne cache rien des souffrances de la vieillesse, de la mémoire qui flanche et du corps qui ne suit plus, mais fait aussi l'éloge du temps qui passe, de la rêverie, des habitudes et des découvertes tardives. "On a tendance quand on prend de l’âge à se confiner dans son propre corps. Au contraire, il faut continuer à écouter le monde, à avoir l'esprit vif et, quand on le peut, l’esprit joyeux", raconte-il, invité d'Europe 1 lundi.
"Même à 80 ans on peut ajouter quelque chose à sa vie"
Dans son livre, il dresse aussi le portrait de Nona, une vieille dame de 95 ans pleine de fantaisie et de curiosité. "Elle existe vraiment, je la connais. C'est quelqu'un qui vous donne envie de vieillir, c'est rare", raconte Bernard Pivot. Pour lui, la vieillesse n'a pas à être synonyme de finitude ou de nostalgie. "Même à 80 ans on peut ajouter quelque chose à sa vie : un chat, chien, un ami, un écrivain qu’on n'a jamais lu."
Le corps et la santé occupent une grande place dans son récit. Quand on vieillit, dit-il, "la moindre courbature ou la moindre insomnie alerte". "On vit avec son corps comme jamais auparavant. Il ne vous suit, ou peut-être ne vous précède plus."
Mais Bernard Pivot fait aussi l'éloge de l'imaginaire et de la méditation : une fois vieux, on a enfin le temps de rêver. "Quand vous êtes adolescent, on vous dit de travailler. Dans la vie professionnelle ou familiale, vous n'en avez pas le temps. Alors il n'y a rien de plus agréable quand on s'est activé pendant 60 ans que de mettre un disque de Bach et de rêver de paysages."