Il est l’auteur des deux derniers tomes de Millénium, après le décès de Stieg Larson. Une saga devenue culte tout comme ses deux héros, Lisbeth Salander et Mikael Blomkvist. Invité dans l'émission de Nicolas Carreau, le Suédois David Lagercrantz est revenu sur la sortie de ce nouveau tome, La fille qui rendait coup pour coup, un moment qu'il vit de manière plus apaisée que pour le numéro précédent.
"Je me suis senti mieux". "C’était beaucoup plus amusant cette fois-ci. Je me souviens que la dernière fois, j’étais complètement mort de trouille. Ça peut être une bonne chose parce qu’avoir peur peut faire de vous un meilleur écrivain. D’un autre côté, c’est vrai que j’avais peur de me lâcher", décrit David Lagercrantz, qui ajoute avoir eu "deux complexes" au moment de poursuivre la série : le premier concernant la qualité du livre et le second vis-à-vis de la quantité de pages "parce que Stieg Larson écrivait de véritables pavés". "Après le succès du numéro 4 (Ce qui ne me tue pas), je me suis senti mieux. Je me sentais plus légitime pour couper certains passages, pour en faire un livre plus efficace."
"On m'a envoyé les journalistes les plus féroces". Reprendre la saga était d'autant plus difficile qu'elle avait été érigée au rang de mythe de la littérature, avec pression médiatique à l'avenant. "La Suède était devenue folle au tome 4. Je faisais la Une, je ressentais profondément les critiques. J’étais sous le choc. On m’a envoyé les journalistes les plus féroces", et finalement, de bonnes critiques sont arrivées, permettant à l'auteur de relâcher un peu la pression.
"La qualité de vie de la Suède, une jolie façade". Le tome 5, écrit sur un ordinateur déconnecté d'Internet et conservé sur une clé USB pour éviter toute fuite, débute dans les quartiers d'une prison haute sécurité où est enfermée Lisbeth. "J’ai commencé le livre avec Lisbeth qui se posait des questions, qui était en liberté. En train de se remémorer son passé. Ce n’était pas bon. Alors j’ai compris qu’une fille comme elle avait besoin d’un environnement hostile. J’ai fait des recherches, j’ai visité une prison de haute sécurité et d’une certaine manière, le livre a commencé à s’écrire tout seul."
Fidèle à l'univers des précédents tomes, ce roman prend donc racine dans la noirceur. Un côté obscur qui va à l'encontre de l'image largement véhiculée d'une Suède où il fait bon vivre, d'un pays sûr. "Beaucoup d’écrivains de polars et d’intellectuels pensent qu’il y a une forme d’hypocrisie en Suède. On parle de bonnes valeurs, de la qualité de vie de la Suède, mais ça, c’est une jolie façade. Derrière, il y a aussi plein de mauvaises choses", conclut l'écrivain.