Dans son nouveau roman, Delphine de Vigan pointe du doigt un phénomène qui prend de l'ampleur : celui de la starification des enfants sur les réseaux sociaux. Ces petits garçons et petites filles, parfois encore bébé, "sont transformés un peu en enfants-sandwichs qui ne cessent de faire la promotion de produits divers et variés", alerte l'auteure, mardi sur Europe 1. C'est un univers "qui est totalement dédié à la consommation et à la profusion de placement de produits", avance Delphine de Vigan. Dans son nouveau roman Les enfants sont rois, elle raconte l'histoire d'une famille d'influenceurs sur YouTube et souligne les dangers de cette activité.
"Une injonction permanente au bonheur"
Pour l'écrivaine, l'environnement créé autour de ces enfants-stars "est une fiction". "C'est une injonction permanente au bonheur. Une sorte d'image idéalisée de la famille parfaite. Mais la famille parfaite, c'est la famille qui consomme. Et derrière ces vidéos, il y a avant tout des valeurs de consommation, de possession", poursuit-elle.
Des valeurs qui lui rappellent celles des classiques téléachats. Les vidéos d'enfants sur les réseaux sociaux seraient donc une version moderne de ces émissions télévisées. "On donne l'illusion d'une chaîne familiale", souligne-t-elle. Mais en réalité, tout est dirigé vers la consommation "à travers différents scénarios ludiques comme le déballage de cadeaux, les recherches de produits dans les supermarchés, la dégustation et la comparaison de différents produits".
La question du droit à l'image
Pour illustrer ce phénomène, elle s'est glissée, dans son roman, dans la peau de Clara, une policière qui enquête sur la disparition d'une petite fille, Kimmy. Mais cet enfant est une star sur YouTube avec son frère, Sammy, à travers leur chaîne Happy Récré. À travers cette histoire, l'auteure interroge la place des enfants stars dans la société et la manière dont il convient de les défendre.
Delphine de Vigan aborde ainsi la question du droit à l'image de ces enfants. "Est-ce que les parents sont propriétaires du droit à l'image de leur enfant ou est-ce qu'ils en sont les protecteurs ?", s'interroge-t-elle au micro d'Europe 1. Une chose est sûre, les enfants pourront demander des comptes à leurs parents en grandissant. Une loi qui encadre l'exploitation commerciale de l'image des enfants de moins de 16 ans sur les plateformes en ligne entrera en vigueur en avril 2021.