Thierry Frémaux 1:56
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À l'occasion de la publication de son récit "Judoka", Thierry Frémaux est revenu au micro d'Europe 1 sur l'actualité culturelle entravée, avec des cinémas toujours fermés au public mais qui, selon lui, seront bien fréquentés dans quelques mois. Pour le délégué général du Festival de Cannes, une nouvelle chronologie des médias va émerger.
INTERVIEW

Cela fait maintenant 103 jours que les Français ne peuvent plus se rendre au cinéma, en raison des restrictions liées au coronavirus. Un calendrier chamboulé, une industrie à l'arrêt, un public privé d'évasion… Les conséquences de cette fermeture, sur laquelle le gouvernement ne prévoit pas de revenir dans l'immédiat, sont nombreuses. "Il me manque beaucoup et il me manque même aux yeux. Ce n'est pas seulement un manque philosophique", assure jeudi midi au micro d'Europe 1 Thierry Frémaux, délégué général du Festival de Cannes.

Selon le dirigeant, l'importance du cinéma et des cinémas pour la population ne s'est pas évaporée depuis l'automne. Les Français reviendront-ils en nombre dans les salles obscures, dans quelques semaines ou quelques mois ? "La question ne se pose pas du tout pour moi parce que d'abord, le public est revenu après le premier confinement. Il était même prêt à rester", répond sans hésiter l'auteur du récit Judoka (éditions du Seuil), consacré à son enfance.

Des sorties anticipées sur les plateformes ?

Thierry Frémaux est d'ailleurs "convaincu d'une chose" pour les prochains mois. "Il y a des gens, hélas, qui ne vont plus au cinéma. On ne va pas les faire revenir au cinéma, bien qu'on essaiera. Et il y a des gens qui, quoi qu'il arrive, iront voir les films en salles. Je pense que ces deux publics-là, non seulement doivent cohabiter et coexister, mais ils vont même s'unir. Bientôt, on aura une chronologie des médias un peu réduite qui permettra à un film de sortir en salles et, quelques mois plus tard, sur une plateforme, sur une télévision, sur Canal+, etc." Pour l'heure, un film ne peut pas sortir sur une plateforme de streaming moins de trois ans après sa sortie en salles. 

" Ça n'est pas le même film selon qu'on le voit à la maison ou sur grand écran "

Dans tous les cas, "il faudra qu'on veille beaucoup aux salles quand elles rouvriront leurs portes", souligne Thierry Frémaux. "Voir un film à la maison et voir un film au cinéma, ça n'est pas la même chose. Et même goûter une œuvre, ça n'est pas le même film selon qu'on le voit à la maison ou sur grand écran." Cette différence-là, les Français privés de cinéma depuis trois mois et demi l'ont un peu oubliée.

Pour Cannes, "on est très optimiste"

Décalé en raison de la pandémie, le Festival de Cannes doit se tenir du mardi 6 au samedi 17 juillet 2021. S'agira-t-il d'une sorte de quinzaine au rabais, après une année très compliquée pour le septième art ? "On aura des films qui restent de 2020. Et puis ça a tourné beaucoup en France et partout dans le monde. La sélection a commencé et on est très optimiste", balaie Thierry Frémaux.