Etienne Daho est né en 1956 à Oran, en Algérie, et a vécu une partie de son enfance à Cap Falcon, une station balnéaire située à une vingtaine de kilomètres de la ville. En cette fin des années 50, la région est un petit paradis sur terre. Mais tout bascule en 1962, lorsque les combats de la guerre d'Algérie éclatent dans la région. Invité samedi d'Il n'y a pas qu'une vie dans la vie, sur Europe 1, Étienne Daho, qui sort le 18 octobre un coffret remasterisé de son album Éden, raconte cette période sombre, mais floue, de son enfance.
À l'époque, on ne lui apprend pas uniquement à lire ou à écrire. On lui apprend aussi à courir en se baissant, à faire le dos rond en voiture et à ne jamais rester près d'une fenêtre. "Pour un enfant, c'est un jeu tout ça. Le monde de l'enfance transforme tout ce qui est dangereux. Je ne l'ai donc pas vécu comme quelque chose de dangereux", se souvient le chanteur. "Je n'étais pas très discipliné, je faisais des fugues. On m'a mis dans une pension quelques mois à l'âge de quatre ans et demi, pour me préserver. C'est là où j'ai ressenti pour la première fois l'arrachement, l'inquiétude de ne pas savoir où étaient mes parents".
"Maintenant, dès que j'arrive à une douane, quelque chose me grattouille"
Très rapidement, l'immeuble qu'habite sa mère se vide, les voisins fuient. Mais sa mère et lui sont contraints de rester, car son père avait abandonné le domicile familial sans avoir signé de papiers de divorce. "Il fallait une autorisation paternelle pour pouvoir quitter l'Algérie. Ça a été compliqué. On a fini par avoir une autorisation mais j'ai eu la sensation d'être rentré clandestinement en France. Maintenant, dès que j'arrive à une douane, quelque chose me grattouille", confie Étienne Daho au micro d'Isabelle Morizet.
À l'âge de huit ans, il finit tout de même par réussir à prendre l'avion et à aller en France. Aujourd'hui, ses souvenirs ne lui permettent pas de dire si ses papiers étaient alors en règle ou non. Il atterrit à Paris, puis il s'installe à Reims avec sa tante et son oncle, qui l'inscrivent dans une école religieuse "très sévère". "Ça m'a fait un choc énorme. On se sent différent. On me l'a bien fait sentir aussi. Mais grâce à l'attention que m'ont donnée ma tante et mon oncle - ils m'ont transmis la culture - j'ai eu très tôt le goût de la lecture et j'ai appris à me défendre", raconte le chanteur. Et de conclure : "Une manière d'être bien accepté, c'était d'être bon en classe. Alors je me suis défoncé".