La question se pose chaque année au mois de mai : un candidat français à l'Eurovision succédera-t-il à Marie Myriam, dernière vainqueure tricolore du concours, dont le sacre remonte désormais à plus de quarante ans ? Cette année, l'espoir pèse sur les épaules du jeune Bilal Hassani, 19 ans seulement. S'il ne fait pas figure de favori, le Français se positionne comme un outsider crédible à quelques jours de la grande finale, qui aura lieu samedi à Tel-Aviv.
Il a déjà déjoué tous les pronostics
Enfant de la génération Eurovision, Bilal Hassani a toujours rêvé de participer au concours. "Quand j'étais petit, je pensais vraiment que ça allait arriver", confiait-il à Europe 1 avant son départ pour Israël. "Je ne pense vraiment pas à la compétition, j'y vais pour chanter mon morceau", assurait encore le jeune artiste, qui défendra les couleurs de la France avec son titre Roi, écrite par le duo Madame Monsieur, candidats de l'édition précédente.
La chanson, dont le clip montrant Bilal Hassani enfant a été visionné plus de 13 millions de fois, raconte l'histoire du "royaume intérieur" du chanteur, perruque blonde et look androgyne. "On m'a posé beaucoup trop de questions, donc j'y réponds en chanson", a-t-il expliqué. À l'échelle nationale, le message est passé : grâce à ce titre, l'interprète a éclipsé des chanteurs confirmés comme Chimène Badi ou Emmanuel Moire et raflé la qualification au concours grâce aux votes des téléspectateurs de Destination Eurovision.
Il est devenu le "visage" de toute une jeunesse
Devenu égérie queer en France, Bilal Hassani assure ne pas avoir de "revendications", ni vouloir "faire de politique". Mais le jeune homme, qui a dû porter plainte après avoir été victime d'insultes homophobes et de menaces de mort, reconnaît se réjouir d'être devenu un "visage pour une jeunesse LGBT qui veut changer les choses". Il a même rencontré Marlène Schiappa, la secrétaire d'État chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, pour évoquer la lutte contre les discriminations.
L'enthousiasme autour de cette nouvelle égérie pourrait-elle dépasser les frontières ? Si tel devait être le cas, Bilal Hassani pourrait créer la surprise : outre le vote des jurys, celui des téléspectateurs de chaque pays intervient dans le classement final. Un système réformé en 2016 et inspiré de... The Voice, l'émission dont la version "Kids" a révélé le candidat français.
Il est dans la "shortlist" des bookmakers
Du côté des bookmakers, dont les moindres sursauts sont scrutés par les fans du concours à quelques jours de la finale, le Français a en tout cas le vent en poupe. Samedi, à une semaine de l'échéance, ils promettaient à Bilal Hassani une treizième place, soit l'exact même résultat que celui de Madame Monsieur, candidat tricolore de 2018. Mais dès dimanche midi, à l'issue de sa deuxième répétition, le chanteur avait fait un bond à la troisième place, relève 20 Minutes.
"Je ne veux pas trop regarder. Je sais que ça ne veut pas dire grand chose", commentait le principal intéressé, jurant avoir confié son téléphone à sa mère pour ne pas céder à l'obsession de l'analyse des courbes. Celles-ci lui sont un peu moins favorables, mercredi : le Français pointe désormais à la sixième place avec 6% de chances de victoire, loin derrière les grands favoris néerlandais (29%). Mais il reste dans la "shortlist" de bookmakers qui, ces dernières années, avaient rarement identifié le gagnant.