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Tiffany Fillon
Dans "Culture médias", sur Europe 1, l’acteur, réalisateur et metteur en scène, Pierre-François Martin-Laval, alias "Pef", présente son nouveau film, "Fahim", qui sort en salles le 16 octobre. Il y retrace le parcours d’un enfant migrant, venu du Bangladesh et devenu prodige des échecs en France.
INTERVIEW

C'est une histoire bouleversante que Pierre-François Martin-Laval, alias "Pef", raconte dans son nouveau film. Après Les Profs et l’adaptation de la BD Gaston Lagaffe, Fahim, dont la sortie est prévue mercredi prochain, met en scène deux comédiens bangladais, Gérard Depardieu et Isabelle Nanty. Ce nouveau long-métrage raconte l’histoire d’un jeune Bangladais qui a fui son pays pour arriver en France où il est devenu champion d’échecs des moins de douze ans.

Avec ce nouveau film tiré d’une histoire vraie, Pef passe de la comédie fictionnelle au drame réaliste. Le réalisateur a découvert l'histoire de Fahim dans une émission de Laurent Ruquier, sur les conseils de son directeur de la photographie. "J’entends Fahim Mohammad raconter son histoire. Pendant trois ans et demi, il est SDF sans papiers dans les rues de Paris, à Créteil. Il a sept ans et demi quand il arrive en France et [son calvaire] dure jusqu’à ses douze ans, à l'âge où il est sacré champion de France", se souvient-il.

"Des Fahim, j’en croise quotidiennement"

"Je me suis rendu compte que j’avais bientôt 50 ans et que des Fahim, j’en croise quotidiennement", confie l’acteur, réalisateur et metteur en scène. "Quand je suis dans un restaurant, il y a un Noura - le nom du père de Fahim - qui veut me vendre ses roses rouges ou une petite tour Eiffel. Je suis navré pour eux mais je continue mon chemin et je ne m’arrête pas pour leur demander d’où ils viennent et comment ils se sont retrouvés là."

Au cœur de ce film, il y a la volonté d’une prise de conscience collective sur les parcours de vie de ces personnes présentées comme "des chiffres", pour "Pef". "On nous montre les migrants dans des barques et dans des camps. On les déshumanise", lance-t-il.

Pour marquer les esprits, "Pef" a donc sélectionné des éléments de la vie de Fahim qui en disent long sur la réalité de l’accueil en France. Quand, par exemple, à la préfecture, le père de Fahim, Noura, rencontre une fonctionnaire qui s’occupe des migrants et des demandeurs d’asile.

Comme Noura ne parle pas un mot de français, un traducteur bangladais lui vient en aide. Mais il déforme ses paroles. Alors que la femme lui demande pourquoi il est en France, le traducteur explique que Noura veut atteindre l’Angleterre. Un objectif qu’il n’avait jamais mentionné…  "C’est la scène la plus invraisemblable du film. J’ai fait 110 avant-premières dans toute la France et j’ai constaté, qu’à ce moment-là, les gens sont outrés. Parfois même, ils rigolent", commente Pef.

Sauvé par la France

Malgré ce succès, Fahim, dont l’histoire fait aussi l’objet d’un livre, Un roi clandestin, paru aux Arènes en 2014, doit encore obtenir des papiers. "Depuis qu’il est majeur, il ne peut plus bénéficier du titre de séjour de son père", se désole "Pef".

Fahim a désormais mis les échecs de côté. "Il fait une pause parce qu’il s’aperçoit qu’il a délaissé l’école", explique le réalisateur. Il vient pourtant de s’inscrire en prépa HEC à Saint-Maur-des-Fossés, après avoir obtenu son bac. "Il ne lâche rien. Il n’est pas en France pour embêter les Français. Il aime simplement ce pays qui l’a sauvé. Il aurait dû mourir et les échecs lui ont sauvé la vie. Il est français dans sa tête et dans son cœur", affirme "Pef".