Le rendez-vous est très attendu par les professionnels du secteur. Alors que le monde de la culture est toujours à l'arrêt en raison de l'épidémie de coronavirus, jeudi, la ministre de la culture Roselyne Bachelot doit échanger en visioconférence avec les organisateurs de festivals d'été, alors que l'incertitude règne toujours autour de leur maintien et dans quelles conditions. Pour ces derniers, prêts à accepter des contraintes telles que des jauges réduites, l'important est d'avoir rapidement des réponse pour pouvoir s'organiser. Et de leur côté, les théâtres, cinémas, musées et salles de concerts, eux aussi dans l'attente de futures annonces, préparent déjà leur réouverture.
Que devrait annoncer la ministre ?
On s'oriente vers la possibilité, pour les gros festivals de l'été comme les Eurockéennes, les Francofolies, les Vieilles Charrues ou Rock en Seine, de se tenir mais avec plusieurs conditions. La première sera que tout le monde devra être assis. Au lieu de concerts debout avec des festivaliers qui dansent entassés les uns sur les autres, Roselyne Bachelot veut un public sur des chaises avec des jauges réduites, afin de maintenir à tout prix la distanciation sociale.
Deuxième mesure, toujours en fonction de la situation sanitaire, le masque pourrait être obligatoire, y compris en extérieur. Mais on ne sait pas encore si un test antigénique sera obligatoire pour les spectateurs avant chaque concert, et si les bars et les buvettes des festivals pourront ouvrir.
Mais un festival peut-il se tenir avec autant de contraintes ? Oui, répond Jérôme Tréhorel, le patron des Vieilles Charrues. "L'objectif est qu'on ait rapidement les réponses afin qu'on ne soit pas trop tard pour réadapter ou réorganiser un nouvel évènement, car passer de 70.000 à quelques milliers de personnes, ça va nous demander pas mal de travail, de réflexion et d'adaptation", demande-t-il toutefois.
Les théâtres et cinémas sont-ils prêts pour rouvrir ?
Toujours fermés depuis de longues semaines, les théâtres et cinémas attendent eux aussi de futures annonces. Mais ces établissements seront-ils prêts à rouvrir leur porte en cas d'allègement des restrictions ? Pour les théâtres, c'est relativement simple. Les employés sont au chômage technique, et la plupart des troupes ont continué de répéter. Par exemple, La Scala à Paris a quatre pièces prêtes, dont celle d'Alexis Michalik, qui peuvent donc être programmées du jour au lendemain. A condition, bien évidemment, de vendre des billets, sans doute l'étape la plus longue. Les professionnels du secteur demandent donc d'être prévenus suffisamment en amont.
Le scénario est le même pour les musées, qui, avec jauges et protocole sanitaire, peuvent rouvrir relativement rapidement et facilement. Les choses sont en revanche plus compliquées pour les cinémas. Car si les salles peuvent rouvrir en quelques jours, il n'y aura pas de place pour tous les films, alors que des centaines d'entre eux sont prêts à être projetés. "Aujourd'hui, on a en gros une vingtaine de films de retard", explique ainsi le distributeur Jean Labadie, qui dirige Le Pacte. "Je n'ai pas la solution", poursuit-il. "Cela dépend si les salles rouvrent en mars, en avril, en mai. Il est extrêmement difficile de savoir comment on va sauver les films qui n'ont pas pu sortir."
Par ailleurs, les distributeurs devront aussi composer avec la sortie de mastodontes comme le prochain James Bond, eux aussi en attente d'une sortie, et qui prendront un écran sur cinq lors de leur arrivée en salles.
De nouveaux outils à l'étude
Pour mieux accompagner la future reprise de la culture, certaines entreprises réfléchissent à de nouveaux outils. Ainsi, à la Philharmonie de Paris, la ventilation a par exemple été revue, avec l'aide de l'entreprise Dassault Systèmes, grâce à une modélisation 3D de leur grande salle.
"Ils ont modélisé la circulation de l'air dans la salle", explique le secrétaire général de la Philharmonie Hugues De Saint Simon, perché sur un des balcons dorés surplombant cette salle à l'architecture complexe : 5 niveaux asymétriques et 2. 400 sièges. "Chaque siège a sa propre ventilation. On a été surpris : ils nous ont recommandé de diminuer de moitié le soufflage de l'air. Ici comme le volume est déjà est très important, il faut plutôt limiter le brassage de l'air".
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Selon cette modélisation, l'air s'écoule en cascade, jusqu'au parterre, puis s'évacue jusqu'au plafond. Il n'est jamais, donc, face aux spectateurs ou aux artistes. "Puisqu'on a baissé le rythme de la climatisation, il descend en douceur dans le dos des musiciens. Cela nous a montré que aussi pour les musiciens, le risque était extrêmement limité. Ils sont extrêmement impatients de pouvoir de pouvoir reprendre des concerts avec public", conclut Hugues De Saint Simon.