François Berléand : "La Comédie-Française est un endroit que je n’aime pas"
François Berléand et Eric Elmosnino jouent ensemble la pièce Ramsès II au théâtre des Bouffes parisiens. Ils étaient en duo, les invités d’Isabelle Morizet, samedi sur Europe 1.
Réunis au théâtre des Bouffes Parisiens jusqu'au 31 décembre, Eric Elmosnino et François Berléand jouent dans la nouvelle pièce de Sébastien Thiéry, Ramses II. Ce n'est pas le seul point commun des deux acteurs qui étaient les invités de l'émission Il n'y a pas qu'une vie dans la vie .
Un succès asses tardif. Tout deux issus du théâtre conventionné, ils ont d'abord longuement écumé le répertoire classique avant d'être réellement connus du grand public. Cette consécration tardive "à partir de 45 ou 50 ans" permet, selon François Berléand, de "ne pas avoir la grosse tête. Parce que c’est trop tard. On ne va pas être sensibles à toutes les sirènes qui peuvent se déchaîner quand on a un prix ou quand on rencontre le succès", assure-t-il.
Les choix des débuts. S'il le sait, c'est parce qu'il a notamment fait des choix qui l'ont éloigné d'une lumière précoce. Il a ainsi refusé d’intégrer la troupe du Splendid alors que Josiane Balasko le lui proposait. "Je les ai vus grimper de façon extraordinaire. Mais je n’avais aucune aigreur. Je me suis dit ‘Tant pis’. L’important, ce n’était pas l’argent, c’était de jouer et je jouais trois pièces par an, j’étais le plus heureux de la Terre." Il ne regrette pas non plus de ne pas avoir intégré la Comédie-Française. "La troupe à l’époque n’était pas formidable et j’aimais le statut d’intermittent. La Comédie-Française est un endroit que je n’aime pas, parce qu’on est jugé par ses pairs. On peut être viré avec perte et fracas par les gens qui vous embrassent", lance-t-il, louant néanmoins le talent des comédiens qui composent la troupe actuelle.
Éric Elmosnino, lui, a connu une vocation tardive. A 15 ans, il subit le départ de son père. Son déclic a lieu trois ans plus tard alors qu'en plein décrochage scolaire, il accompagne une amie qui veut s’inscrire au conservatoire. Il décide de lui emboîter le pas. "C’est très étrange de vivre ça à 18 ans, cette sensation qu’enfin on arrive au monde. J’ai toujours eu cette sensation que tout le temps d’avant, de l’enfance, de l’école, était quelque chose qui n’était pas ma vraie vie. J’attendais", confie-t-il.
Gendre et beau-père. Le succès maintenant plutôt apprivoisé, ils grimpent ensemble sur scène. Dans Ramses II, ils sont gendre et beau-père. L'intrigue, est au départ "très bourgeoise", décrit Eric Elmosnino. Le gendre et la fille reviennent d'Egypte. "Le gendre arrive pour déjeuner et passer le week-end chez ses beaux-parents (...) Petit à petit, on se rend compte que sa femme n’est toujours pas arrivée." Les parents commencent à s’interroger. L’angoisse monte, le malaise est palpable. "Le gendre va se mettre à raconter des choses très bizarres, les parents vont être de plus en plus inquiets jusqu’à penser qu’il s’est passé quelque chose de terrible. "On peut dire sans déflorer la pièce, que dans la première scène, on est persuadés que notre fille est morte. Et au moment où les gendarmes doivent arriver, c’est la fille qui arrive", décrit François Berléand.