Qui pour succéder à Hervé Le Tellier et son Anomalie ? C'est ce mercredi aux alentours de 12h45 que l'on saura qui de Christine Angot, Mohamed Sarr, Sorj Chalandon ou Louis-Philippe Dalembert sera lauréat du Goncourt 2021. Après une annonce en 2020 perturbée par le Covid-19, cette année marque le retour du jury au "salon Goncourt", une pièce dédiée à l’étage du restaurant Drouant, situé proche de l'Opéra de Paris. C'est là que les dix membres du jury dont le président Didier Decoin, se réuniront pour une délibération qui peut durer jusqu'à quatorze tours.
Jusqu'à quatorze tours de délibérations
Concrètement, les noms des quatre finalistes sont mis dans un seau à champagne. Tour à tour, ils sont sortis et chaque membre du jury vote à voix haute pour défendre, ou non, l'écrivain. La majorité absolue est nécessaire jusqu'au dixième tour, puis la majorité relative suffit pour désigner le lauréat. Si le quatorzième et dernier tour est atteint, la voix du président compte double. Sur les coups de 12h45, le secrétaire général, Philippe Claudel, se présentera devant la foule de journalistes et annoncera le lauréat ou la lauréate. En général, il ou elle attend dans un café à proximité du restaurant, pour pouvoir arriver vite sur place, au cas où. À ce moment-là, c’est la cohue habituelle : le lauréat est enseveli sous les micros et il se voit offrir un chèque symbolique de dix euros.
Si les pronostics sont difficiles cette année, il est probable que Christine Angot ne remporte pas le Goncourt, ayant déjà reçu le prix Médicis du roman français le 26 octobre pour Le voyage dans l'Est. Parmi les trois finalistes restant, Mohamed Sarr fait figure de favori pour son roman La plus secrète mémoire des hommes, chez Philippe Rey. Avec pas moins de quatre romans à son actif à seulement 31 ans, le jeune sénégalais a monopolisé cette rentrée littéraire en étant sélectionné pour la plupart des grands prix : Renaudot, Médicis, Femina, et bien sûr Goncourt.
Mohamed Sarr, favori de l'édition 2021
Auréolé du statut de favori, dont il est le premier surpris, Mohamed Sarr était un peu passé sous les radars jusqu’à maintenant. Aîné de ses six frères, fils d'un médecin, il grandit au Sénégal avant de débarquer en France pour ses études où il intègre la prestigieuse École des hautes études en sciences sociales, à Paris, pour un doctorat de lettres. Il vit aujourd’hui à Beauvais.
La plus secrète mémoire des hommes, son roman, imagine l’enquête du narrateur à la recherche d’un écrivain mystérieux, TC Elimane, auteur d’un livre mythique, Le labyrinthe de l’inhumain, paru en 1938, et qui aurait provoqué un scandale en son temps. Un prétexte pour interroger les grandes tragédies contemporaines, la question de l’exil et la littérature. C’est ce que l’on appelle un "roman monde". Mohamed Sarr avait promis à son éditeur qu’il courrait un marathon s’il était sur au moins trois listes de prix. Sa carrière en tout cas sera sans doute une course de fond.