Il y a 34 ans, au soir du 14 janvier 1986, le chanteur Daniel Balavoine perdait la vie dans un crash d’hélicoptère en marge du Paris-Dakar. Amateur de sports mécaniques, l’interprète de L’Aziza accompagnait cette huitième édition du rallye pour superviser une opération humanitaire : l’installation de pompes à eau dans un village du Sahara. C’est Dominique Fillon, ex-technicien d’Europe 1, qui a découvert aux côtés du journaliste Gérard Jouany le corps inerte du chanteur. Au micro de Matthieu Belliard, il raconte cette terrible soirée.
"La rumeur a couru dans le bivouac qu’il y avait eu un accident d’hélicoptère", raconte Dominique Fillon. "Les témoins de l’accident étaient en voiture. L’hélico volait au-dessus d’eux et ils l’ont vu disparaître, puis réapparaître avant de s’écraser. Quand ils ont atteint la ligne d’arrivée, ils ont annoncé au commissaire présent sur place qu’ils avaient vu un accident."
Dans un premier temps, la nouvelle est accueillie avec un certain scepticisme. La nuit est déjà tombée, et à cette heure les liaisons radio sont coupées. Toutefois, Gérard Jouany et Dominique Fillon décident de se rendre sur le lieu indiqué par les témoins. "Sur leurs instructions, on a découvert l’épave de l’hélicoptère dans nos phares. On est descendu, et avec des lampes de poche on a commencé à chercher, dans les débris, les personnes qui étaient là", raconte-t-il.
Deux corps inconnus
"On a tout de suite reconnu, parce qu’on les connaissait bien, Thierry Sabine (l’organisateur du rallye, ndlr), François-Xavier Bagnoud qui était le pilote de l’hélico, et Jean-Paul Le Fur, qui était un copain de RTL. Et puis on a trouvé deux cadavres que l’on n’identifiait pas." "Un pompier s’est chargé de les fouiller, pour trouver leurs papiers", poursuit Dominique Fillon. "On a découvert que c’était Balavoine – on ne savait pas qu’il était sur la course – et Nathalie Odent (journaliste au Journal du Dimanche, ndlr).
Si la nouvelle du crash est rapidement relayée en France dans les flashs d’informations, l’identité des victimes est d’abord maintenue secrète, le temps que les familles puissent être prévenues. "On a gardé cette info toute la nuit. J’ai écouté Radio France en ondes courtes pour savoir si, par un autre canal, ils avaient pu l’apprendre. Mais personne ne savait", explique Dominique Fillon. "J’y pense tous les ans", glisse encore cet ancien technicien. "Dans une vie professionnelle, être le témoin d’une chose comme ça, c’est extraordinaire. Dans le journalisme, il y a des histoires qui marquent plus que d’autres. Celle-ci m’a vraiment marqué."