A l'occasion de la sortie de la série 66-5 ce lundi 18 septembre sur Canal+, Europe 1 a rencontré Alice Isaaz, qui incarne avec brio Roxane, avocate au caractère bien trempé et à la personnalité complexe. Un rôle d'héroïne moderne qui colle à la peau de son interprète, 32 ans seulement, et déjà une carrière fulgurante… Interview.
Avez-vous aimé porter la robe d'avocat ? Est-ce un métier que vous auriez pu exercer ?
J'ai adoré porter la robe d'avocat parce que je trouve que c'est un métier fascinant. Mais je n'aurais jamais pu être avocate dans la vraie vie car je suis beaucoup trop une éponge. Je me demande comment les avocats font quand ils travaillent longtemps pour des clients avec qui ils n'ont pas forcément d'affinités. Ils ont quand même leur avenir entre les mains ! A leur place, je ne sais pas si j'arriverais à faire abstraction de ma sensibilité. J'admire qu'ils fassent passer la justice avant tout.
Comment avez-vous appréhendé les scènes de plaidoirie ?
J'ai vraiment vu cet exercice comme une mise en abyme de mon propre métier. Les avocats deviennent des acteurs quand ils plaident. Ils ont travaillé pendant des semaines, des mois, voire même des années et d'un coup, ils montent sur scène et ils n'ont pas de deuxième chance. Je l'ai abordé comme ça pour y trouver de l'amusement et une forme de sincérité. Ensuite, j'ai fait un gros travail de recherche car il y a beaucoup de termes juridiques et cet univers m'était totalement étranger. Et j'ai aussi essayé de mettre de la vie dans le texte pour que les spectateurs comprennent les enjeux des plaidoiries et que ça soit assez limpide.
Vous êtes blonde dans la vie, brune dans la série. Pourquoi ce changement physique ?
J'ai pris cette décision avec la réalisatrice Danielle Arbid. Il y a un côté moins angélique et plus strict dans le brun, qui correspond plus à la personnalité de Roxane. Ce changement de tête m'a aidée à me mettre dans sa peau.
Qu'est-ce qui vous a plu dans le personnage de Roxane ?
J'aime sa force de caractère et sa complexité. Tout s'écroule dans sa vie, son mari est accusé de viol mais elle ne baisse pas les bras. Elle s'accroche à une chose : son métier d'avocate et sa volonté de vouloir intégrer le barreau de Bobigny. Elle se dit : "Je n'ai pas fait tout ça pour perdre aujourd'hui". Il y a chez elle une volonté de s'affirmer et de défoncer des portes. C'est très inspirant.
Son mari Samuel accusé de viol et c'est elle qui paie les pots cassés. Que vous inspire cette injustice ?
C'est révoltant parce que Roxane est sacrifiée pour sauver la réputation du cabinet où ils travaillent tous les deux. La série est très intéressante à cet égard car elle s'intéresse au point de vue de la femme de l'accusé. Au début, elle défend Samuel, non pas par naïveté, ni par déni, mais parce qu'elle le croit réellement innocent. Elle va tout faire pour découvrir la vérité dès qu'elle va avoir des suspicions. Et puis, il y a une scène assez violente qui donne la réponse au spectateur, même si la justice, de son côté, n'a aucune preuve de la culpabilité du mari de Roxane.
A la fin de la série, Roxane se retrouve face à un dilemme…
Oui et ce dilemme correspond à cette question qu'on entend souvent : "Comment un avocat peut-il défendre un monstre ?". Mais, c'est ça la justice ! Roxane a l'opportunité de défendre ceux qui sont considérés comme les plus gros voyous sur la place de Bobigny. Elle sait qu'elle pourra avoir tous les plus gros dossiers si elle les défend. Si on part du principe qu'elle est carriériste, elle prendra cette décision. Mais, elle a aussi toute une histoire personnelle avec eux par rapport à son précédent client. La fin est donc ouverte pour une suite… s'il y en a une (Rires) !