Quatre copains de Camargue se lancent dans l'escorting pour sauver le domaine apicole de leur enfance : le pitch d'Escort Boys nous faisait craindre le pire... et nous avions bien tort ! Car la nouvelle série de Ruben Alves n'est en rien vulgaire ou clichée et ne fait en aucun cas l'apologie de la prostitution. Le regard du réalisateur sur ses "escorts boys" est au contraire nuancé et subtil. Ruben Alves dresse le portrait de Ben, Ludo, Mathias et Zack, des garçons comme les autres, des hommes de la campagne simples et sensibles, très ancrés dans le réel, propulsés du jour au lendemain dans une aventure totalement irrationnelle et subversive.
L'escorting est le lieu de tous les possibles pour ces quatre copains qui ont rendez-vous avec des clientes toutes plus différentes les unes que les autres. Face à elles, les apprentis escorts comprennent que le désir féminin se décline au pluriel. Et c'est le tour de force de Ruben Alves qui, à travers l'histoire de ces hommes, dressent en filigrane le portrait de plusieurs femmes, incarnées par des actrices très connues (Carole Bouquet, Rossy de Palma, Kelly Rutherford, Amanda Lear...). Ces clientes libérées sexuellement, en phase avec leurs fantasmes, vont beaucoup apprendre à nos escorts, dont certains partaient de très loin... Notamment Zack, persuadé que ses partenaires prenaient forcément du plaisir dès qu'elles gémissaient...
Ruben Alves fait aussi bouger les lignes en filmant ses personnages masculins dans des moments de vulnérabilité (Ben en larmes face à son ex-compagne impassible), et les personnages féminins en position de force. Le résultat est osé, bien senti, addictif et surtout très esthétique. Guillaume Labbé, Marysole Fertard et Thibaut Evrard sont donc évidemment fiers d'avoir participé à ce projet unique en son genre, comme ils l'ont confié à Europe1.fr. Interview.
Avez-vous hésité à jouer dans Escort Boys à cause de son côté subversif ?
Guillaume Labbé : Non car j'ai trouvé ça très bien tout de suite, dès que j'ai lu le texte.
Thibaut Evrard : Le côté subversif m'a au contraire donné envie d'y aller ! Mais j'ai quand même hésité à cause des scènes de danse et d'intimité. C'était ça qui m'inquiétait le plus. En revanche, j'avais vraiment envie de plonger dans ce sujet.
Marysole Fertard : Aucune hésitation pour moi ! J'étais surtout très curieuse de voir ce que Ruben allait nous proposer. Parler d'un sujet, c'est accessible à tout le monde, avoir une vision novatrice, c'est plus difficile. J'étais aussi intriguée par mon rôle de petite macrelle hyper smart.
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Quelle image aviez-vous de la prostitution masculine avant de jouer dans la série ?
Guillaume Labbé : J'avais surtout cette image de la prostitution masculine homosexuelle. Quand j'ai accepté de jouer dans la série, j'ai écouté des podcasts et j'ai lu des choses sur la prostitution pour en apprendre plus. Et je me suis rendu compte que la série se focalisait vraiment sur un angle très particulier et sur un type de prostitution. Elle ne représente pas du tout la prostitution masculine dans son ensemble.
L'escorting permet aux garçons de mieux comprendre les femmes, leurs attentes et leurs désirs. Diriez-vous que la série dresse, en filigrane, le portrait de plusieurs femmes ?
Marysole Fertard : Oui, car on apprend à mieux connaître toutes ces femmes. Mais c'est aussi parce qu'elles se connaissent très bien elles-mêmes. Elles vont apprendre aux hommes à se découvrir eux-mêmes, et à évoluer dans leur corps. Il y a une vraie communication entre les escorts et leurs clientes. Ils se disent s'ils sont à l'aise ou non, ce qui leur plaît ou pas, et il y a une vraie avancée collective là-dessus.
Thibaut Evrard : Au départ, on a la sensation de rentrer dans quelque chose d'assez archétypal avec les personnages, notamment féminins. Mais il y a un tour de force de la part de Ruben qui a réussi à vraiment rentrer dans l'intimité des personnages et dans leur histoire, en passant par un archétype.
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Thibaut, votre personnage Ludo est marié depuis plusieurs années mais n'arrive plus à communiquer avec sa femme sur ses fantasmes. Avec ses clientes, tout se fait plus naturellement... Comment expliquer ce décalage ?
Thibaut Evrard : On se demande si le fait de trop connaître quelqu'un finit par nous freiner... Est-ce qu'on ne se met pas des interdits avec le temps ? Car la relation évolue forcément et la personne aussi...
Guillaume Labbé : La sexologue Esther Perel a étudié cette thématique. Elle trouve que l'intimité et l'amour, le sentiment amoureux qui apporte sécurité et confiance, va en opposition avec l'insécurité, le désir, et la violence qui sont en fait liés. Généralement, les couples qui ont une sexualité très forte sont plus violents et reposent sur des systèmes un peu pervers. La sexualité est a contrario plus difficile à faire perdurer et le désir plus difficile à entretenir chez les couples plus stables. C'est totalement le cas du personnage de Ludo et c'est vraiment très intéressant.
Marysole Fertard : Quand tu parles d'insécurité, c'est la peur de perdre l'autre ?
Guillaume Labbé : Ce que je veux dire, c'est que le désir sexuel est très lié à l'insécurité. Plutôt que de regarder la série, lisez L'Intelligence érotique d'Esthel Perel ! (Rires)
Thibaut Evrard : Guillaume, je t'ai totalement imaginé dans une sorte d'auditoire et je serais carrément venu t'écouter !
Il y a également une réflexion sur la masculinité... Est ce que vendre son corps remet en question la virilité de ces hommes ?
Guillaume Labbé : Ce n'est pas ça qui bloque Ben, mon personnage. Lui, c'est plus le côté moral qui rentre en jeu. Il se dit : "On ne vend pas son corps et c'est comme ça". Il n'a pas une réflexion plus poussée que ça. Et il va flancher assez rapidement par nécessité financière.
Marysole Fertard : Personnellement je ne trouve pas que la virilité soit remise en question car ils sont tous les quatre très virils en tant qu'escorts. Après, ils se retrouvent face à quelque chose d'inévitable face au désir des femmes : donner ce qu'on leur demande de donner.
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Les rôles sont comme inversés. Les femmes sont dans une position de pouvoir face aux hommes. C'est une bonne chose ?
Thibaut Evrard : Oui, tant mieux !
Marysole Fertard : Tant mieux mais... l'objectif n'est pas d'inverser totalement les rôles. Il faut qu'il y ait une forme de liberté consentie.
Thibaut Evrard : Au niveau fictionnel, c'est super intéressant de pousser l'opposé.
Comment avez-vous appréhendé les scènes de sexe ?
Guillaume Labbé : J'ai voulu être en confiance totale avec l'artistique. J'ai regardé le travail de Ruben et j'ai su que ça ne serait pas moche et vulgaire. Je voulais que la nudité serve un propos. J'étais en confiance à tous les niveaux ce qui m'a permis de me foutre totalement à poil.
Thibaut Evrard : Nous n'avons pas eu de coordinateur d'intimité. C'est Ruben qui nous aiguillait. Et on a tous pris le temps de discuter avec notre partenaire pour savoir où on allait.
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Marysole Fertard : Je suis admirative des actrices qui jouaient les clientes. C'était beaucoup plus compliqué pour elles car elles ne connaissaient pas aussi bien l'équipe que Guillaume, Thibaut et les autres garçons. Elles débarquaient pour une seule scène et elles y allaient fond. Il faut vraiment du cran pour faire ça quand même !
Marysole, votre personnage est aussi impressionnant : Charly a 17 ans et c'est elle qui gère le business d'escort des garçons. Elle a beaucoup de responsabilités. Que vous inspire sa force de caractère ?
Marysole Fertard : Je l'admire pour ça ! Après, je pense qu'il y a aussi une forme de nécessité dans ce qu'elle fait. Elle s'est forgée un carapace. Quand son grand frère débarque (ndlr : Ben, joué par Guillaumé Labbé), elle veut lui montrer aussi qu'elle n'a pas besoin de lui et qu'elle peut se débrouiller toute seule.
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Guillaume, vous partagez une scène de séduction avec Carole Bouquet. Comment ça s'est passé ?
Guillaume Labbé : C'était vraiment une très bonne scène. Il y a toujours ce petit truc quand Carole Bouquet arrive sur le plateau. Mais le travail commence instantanément. En partant je ne me suis pas dit : "J'ai joué avec Carole Bouquet, c'était dingue !". Je me suis juste dit que j'avais joué avec une super comédienne.
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Partants pour une deuxième saison ?
Marysole Fertard : Totalement ! Je pense qu'il y a encore beaucoup de choses à raconter mais il faut se renouveler.
Guillaume Labbé : Bien sûr mais il faut d'abord voir si la première saison va fonctionner et s'il y aura un feu vert ensuite pour une saison 2. En tout cas, Escort Boys est l'adaptation d'une série israélienne qui compte plusieurs saisons...