Le film "J'accuse" de Roman Polanski est nommé dans douze catégories pour les César 2020, malgré la polémique qui entoure son réalisateur, accusé de viols par plusieurs femmes. Des nominations décriées par les associations féministes, mais justifiées par le président de l'Académie des César qui "n'est pas une instance qui doit avoir des positions morales". Franck Riester, ministre de la Culture, a réaffirmé au micro d'Europe 1 que, si "on ne doit pas confondre l’artiste et son oeuvre", "ce n’est pas parce qu’on est un artiste que c’est une garantie d’impunité".
"On ne doit pas confondre l’artiste et son oeuvre"
"Le combat contre les violences faites aux femmes est un combat de tous les moments", a d'abord rappelé le ministre. Avant d'ajouter : "En tant que ministre de la Culture, je suis garant de la liberté de création. On ne doit pas confondre l’artiste et son oeuvre. C'est-à-dire que je m’oppose à toute forme de censure, à tout boycott d'oeuvre".
Polanski primé ? Les votants devront "mesurer le message qu'ils enverront aux victimes"
Pour autant, juge le ministre, "ce n’est pas parce qu’on est un artiste, qu'on a du talent, que c’est une garantie d’impunité". Applaudira-t-il alors Roman Polanski s'il est primé ? Franck Riester botte en touche : "On n’en est pas là pour le moment", dit-il. Mais il estime que, "lors du vote, les professionnels du cinéma devront, en leur âme et conscience, mesurer la dimension artistique du choix qu'ils auront à conduire mais aussi du message qu'ils enverront à toutes ces victimes et plus largement à la société".
Le ministre de la Culture rappelle enfin qu'il reste beaucoup à faire, bien qu'un certain nombre de dispositifs ont été mis en place par le gouvernement, avec par exemple des référents sur les tournages pour lutter contre les violences sexuelles et sexistes. "Il faut accompagner la parole des victimes, l'écouter pour qu'elle ne soit pas vaine."