C’est un rendez-vous manqué. "J’ai failli" tourner avec Jean Gabin, confie Claude Lelouch. Il s’en est fallu de peu pour que la figure rustre et imposante du cinéma français se retrouve derrière la caméra du réalisateur d’Un homme et une femme. Dans l’émission Dis-moi ce que tu chantes, dimanche sur Europe 1, Claude Lelouch raconte sa rencontre avec Jean Gabin au micro de Didier Barbelivien.
"Je serais ravi de faire mon dernier film avec vous"
Dans les années 1970, à Paris, Claude Lelouch dîne à La Marée, un restaurant de poisson huppé, en compagnie de Jean Gabin. "Ah, je suis content. Je vais enfin tourner avec un metteur en scène de la Nouvelle Vague", annonce Jean Gabin à Claude Lelouch. Ce à quoi le réalisateur répond : "vous allez être déçu, la Nouvelle vague, je lui dois beaucoup, elle m’a montré tout ce qu’il ne fallait pas faire". A ce moment-là, Jean Gabin fait une réponse inédite. "Je serais ravi de faire mon dernier film avec vous", souffle l’acteur au réalisateur.
La proposition est désormais actée : Gabin fera le prochain film de Lelouch. Jean Gabin devait alors incarner l’inspecteur Lechat dans le film Le Chat et la Souris, sorti en 1975 aux côtés de Philippe Léotard (l’inspecteur Chemin) et Michèle Morgan (Madame Richard). "Et comme il est parti un peu vite, je l'ai fait remplacer par Serge Reggiani", déplore Claude Lelouch. "Reggiani a été magnifique mais il était sur la touche, sur le banc des remplaçants", poursuit-il.
Réunir les acteurs du célèbre film "Le quai des brumes"
L’objectif du réalisateur était de réunir un couple mythique du cinéma, Jean Gabin et Michèle Morgan, dont le coup de foudre s’incarne à l’écran en 1938 dans le film de Michel Carré, Le quai des brumes. Avec une phrase qui résonne encore dans toutes les têtes : le "t’as d’beaux yeux tu sais" lancé par la voix rauque et reconnaissable entre mille de l’acteur. "C'étaient mes deux idoles. Morgan, je voulais l'épouser toutes les semaines et à chaque film. Et Gabin, c'était le patron. C'était un homme qui ressemblait à ceux qu'on croise dans la vie", confie Claude Lelouch.
Pour le réalisateur, "Gabin, c’est la France". Plus précisément une idée de la France, à une certaine époque. "Les stars, ce n'est pas innocent. A un moment donné, on s'identifie à quelqu'un. Je pense qu'il y a eu la France de Raimu, celle de Gabin, celle de Belmondo. Il y a peut-être la France de Dujardin aujourd'hui. Il y a toujours, un moment donné, quelqu'un qui nous ressemble", avance Claude Lelouch. Quant à Jean Gabin, "c'est la star qui a duré le plus longtemps" et aujourd’hui encore, "on ne voit que ses films à la télé", conclut le réalisateur.